Pensées sur l’amour de Dieu. ch.6

EditorialTherese avila

           Thérèse nous entraine dans son manuscrit intitulé
« Pensées sur l’Amour de Dieu » dans un commentaire du Cantique des Cantiques. Elle entend la Parole de Dieu, elle ne comprend pas tout, mais elle est touchée. Thérèse est en connivence parfaite avec la Parole. Thérèse ne peut pas se contenter de recevoir pour elle seule les bienfaits de la Parole de Dieu, elle doit la communiquer.
Dans ce livre, Thérèse parle de l’union d’amour entre Dieu et le croyant et la fécondité de cet amour. Thérèse nous partage sa joie et nous appelle à l’humilité et à l’émerveillement.  

Extrait du Chapitre VI 

O grand Dieu, qu’ils sont faibles nos désirs, pour s’élever à vos grandeurs, ô Seigneur ! et dans quelle bassesse nous resterions si vos dons se mesuraient sur nos demandes !…

 Lorsque l’Épouse se repose à cette ombre qu’elle a tant désirée à juste titre, que lui reste-t-il à souhaiter encore, si ce n’est de ne jamais perdre un tel bien? Il lui semble, à elle, qu’il n’y a plus rien à désirer, mais notre divin Roi a encore beaucoup à donner, et il ne voudrait faire autre chose,  s’il  trouvait  des  âmes    pour  recevoir   ses dons. Je vous l’ai déjà dit  souvent,  mes  filles,   je  voudrais  que vous n’oubliiez  jamais  que le Seigneur ne se contente pas de mesurer ses dons sur la faiblesse de nos désirs; j’en ai eu la preuve en plusieurs circonstances. ….
L’Épouse dit : le Roi m’a introduite. Oh! Comme l’Épouse exalte ce nom de Roi puissant, qui n’a point de supérieur et dont le règne n’aura point de fin! Quand l’âme est en cet état, en vérité, il lui manque bien peu de chose pour connaître la grandeur de ce Roi, car connaître tout ce qu’il est, c’est impossible en cette vie mortelle.

L’Épouse dit : II m’a introduite dans le cellier du vin et il a réglé en moi la charité. Ces paroles me donnent lieu de croire que la grandeur de cette faveur est vraiment merveilleuse. De même qu’on peut donner à boire une quantité de vin plus ou moins grande, un vin bon, puis un autre meilleur, et qu’on peut ainsi enivrer quelqu’un plus ou moins, de même en est-il des grâces du Seigneur. Il accorde à l’un une petite quantité du vin de la dévotion, à l’autre une plus grande; à celui-ci il augmente la mesure de telle sorte qu’il le tire de lui-même, de sa sensualité et de toutes les choses de la terre; à ceux-là il donne une grande ferveur pour le servir, ou bien de grands élans d’amour, ou encore une grande charité pour le prochain, de telle sorte que, tout enivrés de ce vin, ils ne sentent pas les grands travaux par lesquels ils passent. Mais ce que dit l’Épouse indique une mesure abondante. Elle dit que le Roi l’a introduite dans le cellier, pour qu’elle puisse s’y enrichir sans mesure. Il ne semble pas, en effet, que le Roi veuille mettre des bornes à ses dons….

Je me pose maintenant une question : N’y a-t-il pas quelque différence entre la volonté et l’amour? Et il me semble qu’il y en a une; je ne sais cependant si je ne dis pas une folie. L’amour, à mon avis, est comme une flèche que lance la volonté. Si cette flèche part avec toute la force que possède la volonté délivrée déjà de toutes les choses de la terre et occupée de Dieu seul, elle doit très certainement faire une blessure à sa Majesté. Aussi, enfoncée en Dieu lui-même qui est amour, elle en revient avec les plus grands profits, comme je vais le dire. Et il en est vraiment ainsi. Je le sais de quelques personnes à qui Notre-Seigneur a accordé une si haute faveur dans l’oraison. Quand elles entrent dans cette sainte ivresse, toutes leurs puissances sont suspendues; à en juger même par leur extérieur, on voit clairement qu’elles ne sont plus en elles-mêmes. Vous leur demandez ce qu’elles éprouvent, et il leur est absolument impossible de le dire. Elles n’ont pas su ni pu comprendre quoi que ce soit de la manière dont l’amour agit alors. Ce que l’âme comprend bien, ce sont les avantages immenses qu’elle retire de là ; elle le voit par les effets, par les vertus et la foi vive qui lui restent….

 Il est bon de nous rappeler ici  ce que fit la Vierge, notre Reine. Malgré toute la sagesse dont elle était remplie, elle adressa cette demande à l’ange : Comment cela se fera-t-il? Et dès que l’ange lui a répondu : Le Saint-Esprit surviendra en vous, et la vertu du Très-Haut vous couvrira de son ombre, elle n’a garde de discuter plus longtemps. Comme elle possédait la foi la plus vive et la sagesse la plus grande, elle comprit aussitôt que, ces deux choses intervenant, il n’y avait plus rien à savoir, il n’y avait plus à douter.

O âme aimée de Dieu, ne te désole pas, s’il plaît à sa Majesté de t’élever à cet état et de te parler avec autant d’amour qu’il le fait en beaucoup d’endroits des Cantiques, lorsqu’il s’adresse à l’Épouse, comme quand il lui dit : Tu es toute belle, ô mon amie, et d’autres choses où il lui montre le contentement qu’il reçoit d’elle, il est à croire qu’il ne consentira pas à ce que tu lui déplaises à un tel moment, mais qu’il t’aidera à accomplir ce que tu ne saurais faire, car il veut recevoir de toi plus de contentement encore.

Il voit l’âme toute ravie et hors d’elle-même pour l’aimer. Il voit que la force même de l’amour lui a enlevé de l’entendement la faculté de discourir, pour qu’elle puisse l’aimer davantage; va-t-il maintenant refuserde se donner à cette âme qui se livre à lui tout entière? Sa Majesté n’a pas coutume d’agir de la sorte, elle ne le pourrait pas….

Mais l’âme, que fait-elle durant ce temps? C’est là ce que l’on ne saurait comprendre. On ne peut pas en savoir plus que ce que l’Épouse nous en dit par ces paroles : II a réglé en moi la charité. Du moins si elle aime, elle ne sait pas comment elle aime et elle ne comprend pas ce qu’elle aime. L’amour si grand que lui porte le Roi qui l’a élevée à un état si glorieux, doit s’être uni l’amour de cette âme, de telle sorte que l’entendement ne mérite pas de le comprendre. Et si ces deux amours n’en font plus qu’un, si celui de l’âme est totalement uni à celui de Dieu et établi en lui, comment l’entendement pourrait-il arriver à le comprendre? Il le perd de vue, durant ce temps qui est d’ailleurs très court et jamais de longue durée. Dieu règle alors cet amour de telle sorte que l’âme sait très bien contenter la divine Majesté, et durant ce temps et même après cette faveur, sans que  l’entendement  puisse  le comprendre, comme je l’ai déjà dit. Mais il le comprend très bien plus tard, lorsqu’il voit que cette âme est tout émaillée et enrichie des pierres précieuses et des perles des vertus. Il en est dans l’étonnement et ilpeut dire : Quelle est celle-ci qui est restée éclatante comme le soleil ? 

O véritable Roi ! Comme l’Épouse a raison de vous donner ce nom ! puisque dans un instant vous pouvez répandre des richesses, et en combler une âme qui en jouira toujours! Comme l’amour demeure réglé dans cette âme ! ….

Quand ces faveurs viennent de Dieu, les vertus demeurent si affermies, et l’amour si embrasé, que l’âme ne peut les cacher parce que, même à son insu, elle fait du bien à d’autres âmes. Aussi l’Épouse dit-elle : II a réglé en moi la charité.

 Parole pour aujourd’hui 

            Faisons mémoire des Paroles de Dieu marquantes dans notre itinéraire, revisitons ces lieux spirituels pour reconnaître les pierres de fondation de notre itinéraire spirituel.
           Où en sommes-nous de notre chemin avec le Seigneur ?
Quelle offrande lui faire ?

 Prière.

Que rien ne te trouble,photo_mail_le-principe-de-precaution
Que rien ne t’épouvante,
Tout passe. Dieu ne change pas.
La patience obtient tout
Celui qui possède Dieu
Ne manque de rien
Dieu seul suffit.
                                           Thérèse d’Avila   Poésie 10  

 

 

 

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