Chemin 28 à 30

Chemin de perfection

Editorial

Dans la pédagogie de Thérèse, se recueillir est comme une étape intermédiaire entre la simple prière vocale et l’oraison de contemplation. Selon notre attention et la grâce que le Seigneur donne, nous passons de l’une à l’autre. Pour nous faire comprendre ce qu’est l’oraison de recueillement et nous encourager à persévérer sur ce chemin, elle se réfère à la prière que le Christ nous a donné lui- même

(traduction M. Auclair Ch. 28 à 30…)

Thérèse veut nous faire comprendre ce qu’est l’oraison de recueillement.

“Considérez maintenant ce que dit votre Maître: “ (Notre Père) qui êtes aux cieux ”. Pensez-vous que peu nous importe de savoir ce qu’est le ciel, et où vous devez chercher votre Père sacré ? Or je vous dis que pour des esprits distraits, il importe beaucoup non seulement de croire qu’Il est là, mais de tâcher de le comprendre par l’expérience. (ch.28,1)
Vous savez que Dieu est partout, … et là où est Dieu, c’est le ciel. Vous ne pouvez en douter, là où est Sa Majesté, là est aussi toute la gloire. Considérez donc ce que dit saint Augustin qui le cherchait partout, et le trouva au-dedans de lui-même. Pensez-vous qu’il importe peu à une âme distraite de comprendre cette vérité, de voir qu’elle n’a pas besoin d’aller au ciel pour parler à son Père éternel, ni pour se délecter avec lui, et qu’il n’est pas nécessaire qu’elle lui parle à grands cris …Si bas qu’elle parle, il est si près de nous qu’il nous entend… (il lui faut) chercher la solitude pour le regarder au-dedans d’elle-même, … qu’elle lui parle comme à un père, qu’elle lui dise ses besoins comme à un père, qu’elle lui conte ses peines, qu’elle lui demande d’y remédier… (ch.28,2)
…Cette manière de prier, ne serait-elle que vocale, est la plus prompte à recueillir l’esprit, c’est une forme d’oraison qui comporte de grands bienfaits. On l’appelle recueillement, car l’âme y recueille toutes ses puissances et rentre en elle-même avec son Dieu; son Divin Maître est plus prompt à venir l’instruire et à lui donner l’oraison de quiétude que par tout autre moyen…(ch.28,4)
…il y a des hauts et des bas dans ce recueillement; mais si on s’y accoutume … si on persévère pendant quelques jours en se faisant violence, on en verra clairement les avantages; on comprendra que dès qu’on se met en prière les abeilles accourent à la ruche, elles entrent y faire leur miel, sans que nous ayons à nous en occuper. En échange du temps qu’on lui a consacré, le Seigneur octroie cet empire à l’âme et à la volonté. Au premier signe de recueillement les sens obéissent à l’âme et se recueillent en elle. Ils en sortent à nouveau, mais c’est déjà beaucoup qu’ils se soient soumis … lorsque la volonté les appelle, ils accourent plus promptement, jusqu’à ce qu’après de nombreux retours le Seigneur leur permette de demeurer désormais en contemplation parfaite. (ch.28,7)”

Lui ouvrir notre cœur sans réserve et lui faire confiance…

“ Imaginons donc qu’il y a en nous un palais d’une immense richesse, construit tout en or et en pierres précieuses, enfin, digne d’un tel Seigneur, et que la beauté de cet édifice dépend de vous; c’est vrai, car il n’est plus bel édifice qu’une âme pure et pleine de vertus ; …dans ce palais habite ce grand Roi qui consent à être notre père; il se tient sur un trône de très haut prix, qui est votre coeur. ( ch.28,9)
Pour éviter que l’âme débutante ne se trouble à l’idée que sa petitesse contient une si grande chose, Il ne se fait pas connaître immédiatement mais il la dilate peu à peu, jusqu’à ce qu’elle puisse contenir ce qu’il dépose en elle… C’est pourquoi je dis qu’il apporte avec lui la liberté, car il a le pouvoir d’agrandir ce palais. Le point essentiel est de le lui donner sans réserve… Comme il ne veut pas violenter notre volonté, il prend ce que nous lui donnons, mais Il ne se donne entièrement à nous que lorsque nous nous donnons entièrement à Lui…(ch.28,12)

Ô mon Seigneur! … vous donnez beaucoup à ceux qui veulent mettre toute leur confiance en Vous ! … ( Ch.29. 3.) On y parvient par plusieurs moyens; …, nous devons nous débarrasser de tout pour nous approcher intérieurement de Dieu, et même au cours de nos occupations nous retirer en nous-même, ne serait-ce qu’un moment… Enfin, savourer cette idée qu’il n’est pas nécessaire d’élever la voix pour lui parler, puisque Sa Majesté nous fera sentir sa présence  (ch.29,5)
Ainsi notre prière vocale sera paisible, … car lorsque nous nous serons forcées à rester un certain temps près de ce Seigneur, il nous comprendra si bien au moindre signe … il suffit que nous comprenions que nous sommes avec Lui, et ce que nous demandons, et son désir de nous l’accorder, et de quel coeur il reste avec nous : Il n’aime pas que nous nous cassions la tête à beaucoup lui parler. (ch.29, 6)

Or le bon Jésus nous demande de dire ces mots, qui sollicitent la venue en nous du Royaume: “ Que votre nom soit sanctifié, que votre règne arrive ”. Voyez,… la grande sagesse de notre Maître. Je considère que le moment est venu de comprendre que nous demandons ce Royaume. Mais comme Sa Majesté a vu que nous ne pouvions ni sanctifier, ni louer, ni exalter, ni glorifier ce saint nom du Père Éternel puisque notre petitesse nous empêche de le faire comme il se doit, sauf si Sa Majesté y pourvoyait en nous donnant son royaume ici-bas, le bon Jésus a mis ces deux demandes côte à côte… il est important d’insister et de faire tout notre possible pour contenter Celui qui peut nous l’accorder… (Ch 30,4)
Il me semble donc que l’excellence du royaume du ciel, c’est, entre autres, de ne plus faire cas des choses de la terre, c’est le calme et la gloire en nous-même, la joie de la joie de tous, une paix perpétuelle, une grande satisfaction intérieure de voir que tout le monde sanctifie et loue le Seigneur, et bénit son nom, sans que nul ne l’offense. Tout le monde l’aime, et l’âme elle-même ne sait que l’aimer, elle ne peut cesser de l’aimer, puisqu’elle le connaît. C’est ainsi que nous l’aimerions ici-bas, quoique moins parfaitement, et moins spontanément; mais nous l’aimerions autrement que nous ne l’aimons, si nous le connaissions. (ch.30, 5)
Il est des moments où le Seigneur, nous voyant las du voyage, nous accorde le repos des puissances et la quiétude de l’âme, et, comme par signes, un clair avant-goût de ce qu’il donne à ceux qu’il emmène dans son Royaume; et à ceux qui le lui demandent ici-bas il accorde des gages qui entretiennent leur espoir de jouir un jour perpétuellement de ce qu’il ne leur verse encore qu’à petites gorgées. (Ch.30, 6)”

 Prière

Père,
je te connais grâce à Jésus,
c’est Lui qui t’a révélé,
c’est Lui qui a le mieux parlé de Toi,Christ d'Arcabas
c’est Lui qui s’est présenté
comme une parfaite image de Toi,
c’est lui qui a toujours accompli
ce que Tu attendais de Lui.

Père,
je parle de Toi avec les mots
que Jésus nous a révélés :
Tu es notre Père et tu nous aimes.
Je te parle avec les mots
que Jésus nous a enseignés,
ô notre Père qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié…

Xavier de Chalendar

 

Parole pour aujourd’hui

routeautomneThérèse nous donne une clé pour passer de la prière vocale à l’oraison contemplative

A chaque demande du “ Notre Père ” , chercher quels furent les sentiments qui habitaient le cœur de Jésus quand Il disait “ Père ” ou “ Que ta volonté soit faite ” ou “ Que ton règne vienne ”.

                         Et si j’essayais de me servir de cette clé !

 

 

 

Ce contenu a été publié dans Le Chemin, avec comme mot(s)-clé(s) , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.