Editorial
Les Exclamations, sont des prières spontanées écrites par Thérèse. Nous en avons déjà rencontré dans toutes ses œuvres. Les 17 Exclamations que nous possédons, forment un petit recueil souvent appelé « le Psautier de Thérèse ».
Dans ses prières, Thérèse donne libre cours à ses cris intérieurs vers Dieu. Le motif de chaque prière est souvent lié au mystère intérieur de sa propre vie, des sentiments qui l’habitent : la souffrance de l’absence et le désir ardent de la présence de Dieu ; l’horreur du péché ; la soif d’aimer et d’être aimée ; la foi et l’espérance… Dans sa prière Thérèse converse avec son Dieu avec une grande hardiesse et simplicité, c’est un vrai « commerce intime d’amitié où l’on s’entretient souvent, seul à seul avec ce Dieu dont on se sait aimé » (Vie 8,5.)
Ses prières sont remplies de citations ou réminiscences bibliques ; ce qui nous prouve à quel point sa prière se nourrissait de l’Ecriture Sainte. Elle avait saisi que là, elle trouvait les Paroles de vie, et que « tout le mal qui arrive en ce monde vient de ce qu’on ne connaît pas clairement, les vérités de l’Ecriture… » (Vie 40,1.)
Dans la 8ème Exclamation, le dialogue entre Thérèse et son Dieu reprend 3 fois et toujours à partir d’une parole de l’Evangile :
“tu as les paroles de la vie… Jn 6,68
“tu as dit : Venez à moi, vous tous qui souffrez…Mat.11,28
“tu as dit : que tu étais venu pour les pécheurs… Mat.9,13
A chaque fois, la réponse de Thérèse est toute simple et suppliante ; une excuse: nous oublions ! Puis, une louange au Tout Puissant ; une demande de pitié pour notre ignorance…Et enfin, elle nous entraine à faire de notre prière, une louange :
« Que resplendisse ta miséricorde !…”
« Tu as, Toi, les paroles de la vie ! » (8ème Exclamation).
Ô Seigneur, comme il est vrai que tu possèdes les paroles de vie,
celles où tous les mortels trouveraient ce à quoi ils aspirent
pourvu qu’ils consentent à le chercher.
Mais quoi d’étonnant, ô mon Dieu… nous oublions tes paroles !
Tu es Tout-puissant, tes œuvres sont incompréhensibles.
Fais donc, Seigneur, que tes paroles, jamais ne quittent ma pensée.
Tu as dit : « Venez à moi, vous tous qui souffrez
et pliez sous le fardeau, et je vous consolerai » (Mat.11,28).
Que voulons-nous de plus, Seigneur ? Que demandons-nous ?
Que cherchons-nous ? Pourquoi ceux du monde se perdent-ils,
si non parce qu’ils sont en quête de bonheur ?
Ô mon Dieu ! Qu’est-ce que cela signifie, Seigneur ? Quelle pitié !
Quel profond aveuglement !: chercher le bonheur
là où il est impossible de le trouver !
Prends pitié, Seigneur, de tes créatures,
considères que nous ne nous comprenons pas nous-mêmes,
que nous ne savons pas ce que nous désirons
et n’arrivons pas à trouver ce que nous demandons.
nous, Seigneur, la lumière. Elle nous est plus nécessaire
qu’à l’aveugle qui l’était de naissance : lui désirait voir la lumière,
mais ne le pouvait pas.
Actuellement, Seigneur, on ne peut pas voir clair
Quel mal incurable que celui-ci !
C’est le moment, Seigneur, de faire éclater ta puissance
le moment de manifester ta miséricorde.
C’est une chose énorme que je te demande. Ô vrai Dieu, mon Dieu :
d’aimer qui ne t’aime pas, d’ouvrir à qui ne t’appelle pas ….
Tu as dit, Ô mon Seigneur, que tu es venu chercher les pécheurs :
Les voilà, Seigneur, les vrais pécheurs.
Ne considère pas notre aveuglement, ô mon Dieu,
mais plutôt tout le sang que ton Fils a répandu pour nous.
Que ta miséricorde resplendisse sur notre croissante malice ;
rappelle- toi, Seigneur, que nous sommes ton ouvrage.
Que ta bonté et ta miséricorde viennent à notre aide.
Dans la 9ème Exclamation, nous trouvons 2 citations de l’Evangile qui ont particulièrement impressionné Thérèse
– L’eau vive offerte par Jésus à la samaritaine : Jn 4,10-14.
– L’invitation faite à tous ceux qui ont soif de venir à Lui : Jn7,37-38.
L’invitation de Jésus est universelle ; Thérèse prie d’abord pour tous les pécheurs « qui ont grand besoin de cette eau » pour être sauvés (du feu), avec une hardiesse qui lui fait dire : « ils ne veulent pas aller vers toi ; Va vers eux toi mon Dieu ! » et ils reviendront à la vie. Ensuite, elle prie ensuite pour elle…
« Ô source vive de mon Dieu ! » (9ème Exclamation)
Ô très bon Seigneur de mon âme, si plein d’amour, tu as dit aussi :
« Venez à moi, vous tous qui avez soif, et je vous donnerai à boire.”
Mais comment ne seraient-ils pas dévorés de soif, ceux que consument
les flammes de la convoitise pour les misérables choses de la terre ?..
De cette eau-là, ils ont grand besoin pour ne pas s’y consumer totalement.
Je le sais déjà, ô mon Seigneur, dans ta bonté, tu la leur donnerais.
Mais s’ils sont habitués à vivre dans ce feu,…que déjà ils ne le sentent plus
et ne peuvent plus, tant ils ont perdu la tête, voir leur extrême misère,
Quel remède, mon Dieu ?…
Tu es venu en ce monde pour remédier à de grandes misères comme celles-là.
C’est dans ces choses les plus difficiles que doit se manifester ta compassion.
Puisque leur infortune les a mis dans un si triste état
qu’ils ne veulent pas aller vers Toi, …
Va vers eux, Toi mon Dieu. Je te le demande en leur nom,
et sais que, dès qu’ils reviendront à eux-mêmes
et commenceront à te goûter, ces morts ressusciteront.
Ô Vie qui donne la vie à tous,
ne me refuse pas, à moi, cette eau si douce
que tu as promise à ceux qui la désirent.
Moi, Seigneur, je la veux, je la demande
et je viens à Toi…
Seigneur, tu sais que cette eau m’est nécessaire…
Ô sources vives des plaies de mon Dieu,
qui coulent toujours en si grande abondance
pour nous maintenir en vie !
Parole pour aujourd’hui.
Comment notre vie peut-elle devenir prière ?
Les « Exclamations» de Thérèse de Jésus me font penser aux Psaumes, ces prières adressées à Dieu et reflets de la vie des hommes, au cours de leur histoire. On y trouve des récits de vie communautaire et personnelle, des cris d’appel, de souffrances, de doutes, de certitudes, de joie, de louange…des passages du « nous » au « tu », au « je »… libre court à la pensée, à la prière adressée à Dieu, prière sortant du cœur, en confiance, simplicité, une vraie conversation avec l’Ami… « un commerce d’amitié » dit Thérèse.(Vie 8,5). Elle nous invite à prier avec la même ferveur et la même simplicité, pour notre monde d’aujourd’hui.
Que notre vie soit prière !
Prière.
Auprès du puits, la Parole éveille ma vie.
Toi qui demandes à boire, n’es-Tu pas la source et le feu ?
N’es-Tu pas Celui qui vient de Dieu ?
Donne-moi de cette eau, Seigneur Jésus !
J’espère en Toi, Seigneur, ne m’abandonne pas
Attire-moi dans ton amour et je Te servirai,
Dispose de moi comme il Te plaira.
Fontaine qui jaillis des plaies de mon Sauveur,
Au torrent de ta joie, pourras-Tu me guérir,
Flamme qui rafraîchit, mais sans désaltérer ?
Seigneur de toutes choses, donne-moi le repos !
Combien de temps serai-je loin de Toi ?
Mon Dieu, je veux enfin Te contempler.