Editorial
Avec ce feuillet, nous continuons la découverte de la joie chez Elisabeth de la Trinité. Après sa Profession religieuse, à travers toutes ses lettres à sa famille et à ses amis, son bonheur transparaît. La fréquentation de ses écrits souligne une conviction : elle est heureuse, oui, vraiment heureuse ! « Nous assistons, émerveillés, à l’éclosion de cette joie dont Jésus a fait le cœur de sa Bonne Nouvelle. » C’est une véritable onction de douceur et de joie qui jaillit de tout son être. Vraiment, un partage de bonheur…
Ecoutons-la d’abord dans ces quelques lettres à sa famille et à ses amis :
à sa mère
« Si tu savais comme je pense à toi, comme je prie pour toi, car c’est tout un pour une carmélite. Vois-tu je suis heureuse, je demande au Bon Dieu de te faire goûter aussi les douceurs de son amour et de sa présence : c’est cela qui transforme, qui illumine la vie, c’est le secret du bonheur ! » L 174
«Qui pourrait dire la joie de mon âme, lorsque contemplant le Christ que j’avais reçu… j’ai pu me dire : enfin il est tout à moi, je suis tout à Lui, je n’ai plus que Lui, Il m’est tout. Et maintenant je n’ai plus qu’un désir, l’aimer, l’aimer tout le temps, zéler son honneur comme une véritable épouse, faire son bonheur » L 156
à Mme Angles
«Oh ! Chère madame, quel beau jour ! quelle joie de s’enchaîner au service d’un si bon Maître, de lui dire que c’est jusqu’à la mort qu’on est sienne, « sponsa Christi ». je suis heureuse de vous sentir, vous aussi, donnée à Lui. » L 184
Son bonheur, sa force, Elisabeth les puise aussi à travers les Ecritures, surtout dans les lettres de Saint Paul et Saint Pierre. C’est là qu’elle trouve son dynamisme.
« Oh ! Maman, j’ai besoin de te dire que mon bonheur grandit toujours, il prend des proportions infinies comme Dieu lui-même, et c’est un bonheur si calme, si doux ; je voudrais te donner mon secret ! Saint Pierre dans sa première épitre, dit : « parce que vous croyez, vous serez remplis d’une joie inébranlable ». Je crois que la carmélite puise, en effet, tout son bonheur à cette source divine : la foi. » L 236
« Maman, réjouis-toi… le Père veut retrouver en nous l’image de son Fils crucifié. Oh !si tu savais combien la souffrance est nécessaire pour faire l’œuvre de Dieu dans l’âme. Le Bon Dieu a un désir immense de nous enrichir de ses grâces, mais c’est nous qui lui faisons la mesure dans la proportion où nous savons nous laisser immoler par lui, dans la joie, dans l’action de grâces. »
« Parce que j’aime le Père, je fais toujours ce qui lui plaît ». Ainsi parlait le Maître Saint et toute âme qui veut vivre à son contact, doit vivre ainsi. Le bon plaisir divin doit être sa nourriture son pain quotidien… Chaque incident, chaque évènement, chaque souffrance comme chaque joie est un sacrement qui lui donne Dieu… Heureuse l’âme qui aime en vérité ». (Ciel dans la Foi) CF 10
« Heureuses les oreilles de l’âme assez éveillée, assez recueillie, pour entendre cette voix du Verbe de Dieu. Heureux aussi les yeux de cette âme qui, sous la lumière de la foi vive et profonde, peut assister à l’arrivée du Maître en son sanctuaire intime… Un éternel désir renouvelle éternellement les joies de l’arrivée. Les délices qu’il apporte sont infinies, car c’est Lui-même. » CF 17.
Dans « le Ciel de la Foi », Elisabeth nous livre les méditations de sa dernière retraite. C’est sa foi en Dieu qui est sa force pour accueillir la souffrance à l’approche de sa mort. Son immense désir du ciel va enfin se réaliser.
« Nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru »… L’âme ne s’arrête pas au goût, aux sentiments ; peu lui importe de sentir ou de ne pas sentir, peu lui importe s’il lui donne la joie ou la souffrance : l’âme croit à son amour. Plus elle est éprouvée, plus sa foi grandit. » CF 20
« La perfection la plus haute en cette vie consiste à rester tellement uni à Dieu que l’âme, avec toutes ses facultés et ses puissances, soit recueillie en Dieu, que ses affections unies dans la joie de l’amour, ne trouvent de repos que dans la possession du Créateur… Pour réaliser cet idéal, il faut se tenir recueillie au-dedans de soi-même, se tenir en silence en présence de Dieu, tandis que l’âme s’abîme, se dilate, s’enflamme et se fond en Lui, avec une plénitude sans limites. » C F 25
« Une louange de gloire, c’est une âme de silence qui se tient comme une lyre sous la touche mystérieuse de l’Esprit Saint afin qu’il en fasse sortir des harmonies divines ; elle sait que la souffrance est une corde qui produit des sons plus beaux encore, aussi elle aime la voir à son instrument afin de remuer plus délicieusement le cœur de son Dieu. » CF 43
Vraiment le ciel attire Elisabeth, elle jubile à l’idée de rencontrer Celui qu’elle aime.
« La perspective d’aller voir Celui que j’aime en son ineffable Beauté, de m’abimer en cette Trinité qui fut déjà mon ciel ici-bas, me met une joie immense dans l’âme…pourtant le bonheur de mon Maître suffit pour faire le mien et je me livre à Lui pour qu’il fasse en moi tout ce qu’il désire » Lettre 271
« Ah, combien je serais heureuse s’il voulait faire tomber le voile afin que mon âme s’élance en Lui et contemple sa Beauté dans un face à face éternel. En attendant, je vis dans le ciel de la foi au centre de mon âme et je tâche de faire le bonheur de mon Maître en étant déjà sur la terre la louange de sa gloire ». L 274
Résonnance dans notre vie
Aujourd’hui le monde recherche le bonheur, la joie parfaite sans souffrance.
Avons-nous le souci de témoigner de la vraie joie qui nous habite ?
Cette joie d’être consacrée au Seigneur transparaît-elle à travers mes paroles ?
mes rencontres au cours de mes journées ?
Prière.
« Ô mon Christ aimé, crucifié par amour,
je voudrais être une épouse pour votre cœur,
je voudrais vous couvrir de gloire,
je voudrais vous aimer… jusqu’à en mourir !
Mais je sens mon impuissance,
et je vous demande de me revêtir de vous-même …
Venez en moi comme adorateur,
comme Réparateur et comme Sauveur.
Ô Verbe éternel, parole de mon Dieu,
je veux passer ma vie à vous écouter…
afin d’apprendre tout de vous. »
(Extraits de la prière d’Elisabeth)
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