Thérèse d’Avila
Le 28 mars 1515 naît Thérèse de Ahumada. Malgré l’opposition de son père, elle entre au monastère de l’Incarnation à Avila (Espagne). Une statuette du Christ à la colonne la bouleversera et sur l’ordre du Seigneur elle s’attachera à la réforme du Carmel. Ses œuvres sont source de vie. Première femme proclamée Docteur de l’Eglise, Thérèse nous conduit sur les chemins de la vie spirituelle.
Laissons-nous guider par Thérèse d’Avila, elle a fait part de son expérience à ses Sœurs carmélites. L’Eglise propose son enseignement à tous ceux qui désirent s’engager sur le chemin de la prière.
Pour Thérèse d’Avila, l’oraison est au service du parfait amour évangélique, don de la Sainteté. Faire oraison, c’est devenir serviteur de l’Amour.
“ L’oraison n’est qu’un échange intime d’amitié où l’on s’entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sent aimé”. (Vie 8,5)
“Je vais parler maintenant de ceux qui commencent à être les serviteurs de l’amour, car il me semble que nous ne sommes pas autre chose, lorsque nous nous déterminons à suivre par ce chemin de l’oraison Celui qui nous a tant aimés.” (Vie 11,1)
Thérèse commence à expliquer par une comparaison, les quatre manières d’oraison :
“Celui qui débute considérera attentivement qu’il va préparer dans un jardin très ingrat et rempli de très mauvaises herbes un jardin où le Seigneur puisse prendre ses délices. Sa Majesté arrache les mauvaises herbes et doit planter les bonnes. Or, sachons-le, ce travail est déjà fait quand l’âme se détermine à pratiquer l’oraison et est entrée dans cette voie. Néanmoins, nous devons, en bon jardinier, veiller avec l’aide de Dieu à faire croître ces plantes, et à prendre soin de les arroser. ”(Vie 11,6)
Première manière : Tirer de l’eau d’un puits à force de bras
“Les personnes qui commencent à faire oraison…sont celles qui tirent péniblement l’eau du puits. Elles se fatiguent, en effet, pour recueillir leurs sens habitués à se répandre au dehors ; c’est là un grand travail… Leur devoir est de s’appliquer à méditer la vie de Jésus-Christ (Vie 15,9)
“Nous pouvons par la pensée nous mettre en présence du Christ, nous embraser peu à peu du plus grand amour pour sa Sainte Humanité, lui tenir toujours compagnie, lui parler, lui recommander nos besoins, nous plaindre à lui dans nos peines, nous réjouir avec lui dans les consolations, nous garder de l’oublier dans la prospérité. Ne cherchons point à lui faire de beaux discours ; parlons-lui simplement pour lui exprimer nos désirs et nos besoins. C’est là une méthode excellente, elle nous fait avancer en très peu de temps. Celui qui essaie de vivre dans cette précieuse compagnie… y puise un amour sincère pour ce Maître, auquel nous sommes redevables de tant de bienfaits, celui-là, je l’affirme est avancé dans la voie de l’oraison ” (Vie 12,2)
Deuxième manière : Tourner à l’aide d’une manivelle une noria garnie de godets
“Le jardinier, en faisant marcher une noria, puise une quantité d’eau plus grande; il se fatigue moins… La personne commence ici à se recueillir; elle touche aux choses surnaturelles; mais elle ne peut y parvenir par elle-même, malgré tous ses efforts. Je veux dire que l’eau est plus proche de nous, parce que la grâce se fait alors connaître à l’âme avec plus de clarté. Ceci est un recueillement des facultés pour jouir de ce contentement avec plus de saveur. Mais les facultés ne sont ni perdues, ni endormies. La volonté seule est occupée sans savoir comment, à se rendre captive. Elle ne peut que donner son consentement, pour que Dieu l’emprisonne, assurée qu’elle est de devenir la captive de Celui qu’elle aime. (Vie 14,2)
O Jésus ! O mon Dieu ! comme votre amour nous aide ici ! il tient le nôtre tellement enchaîné qu’il ne lui laisse pas la liberté d’aimer autre chose que vous. Cette oraison de quiétude est donc une petite étincelle de son véritable amour que le Seigneur commence à allumer dans l’âme. Il veut lui faire comprendre peu à peu ce que c’est que cet amour si plein de délices. Cette quiétude, ce recueillement et cette petite étincelle sont l’effet de l’Esprit de Dieu.” (Vie 15,4)
Troisième manière : Amener l’eau soit d’une rivière, soit d’un ruisseau
“S’il y a quelques fatigues à la diriger, l’arrosage cependant coûte beaucoup moins. Le Seigneur, en effet, veut aider si bien le jardinier, qu’il prend, pour ainsi dire, sa place et fait presque tout le travail… L’âme est tellement abreuvée de l’eau de la grâce, qu’elle ne peut avancer, elle ne sait d’ailleurs comment, ni retourner en arrière :elle veut seulement jouir de cette gloire immense. (Vie 15,1)
La volonté n’a qu’à accepter les faveurs dont elle jouit dans cet état, et à s’abandonner généreusement à tout ce que la véritable sagesse voudra opérer en elle… (Vie 17,1) Il faut alors ce me semble… s’abandonner entièrement entre les bras de Dieu.” (Vie 17,2)
Quatrième manière : La pluie abondante
“Cette eau du ciel tombe souvent lorsque le jardinier y pense le moins. Dans les débuts, il est vrai ce n’est généralement qu’après une longue oraison mentale. Car le Seigneur, après avoir conduit de degré en degré ce petit oiseau, le place enfin dans le nid pour qu’il y repose. Il l’a vu voltiger pendant longtemps et s’aider de l’intelligence, de la volonté, de toutes ses forces enfin pour chercher son Dieu et lui plaire; il veut lui donner une récompense même en cette vie ; et quelle récompense magnifique ! En un instant, l’âme est dédommagée de tous les travaux d’ici-bas ! (Vie 18,9)
L’âme sort de cette oraison et de cette union toute remplie d’une extrême tendresse pour Dieu…L’âme se sent animée d’un très grand courage… Elle donne déjà des signes qu’elle possède des trésors célestes; elle brûle du désir de les distribuer ; et elle supplie le Seigneur de ne pas la laisser seule dans une telle abondance. Elle procure le bien spirituel du prochain, presque à son insu et sans rien faire par elle-même dans ce but ; mais les autres le comprennent, car les fleurs de son jardin répandent un tel parfum qu’ils désirent s’en approcher. Ils comprennent qu’elle est enrichie de vertus ; ils voient que ses fruits sont pleins d’attraits et comme elle ils voudraient s’en nourrir. ”(Vie 19,1-2)
Prière
Je suis vôtre, pour vous je suis née
Que voulez-vous faire de moi ?…
Si vous le voulez, donnez-moi l’oraison,
Sinon, donnez moi les sécheresses ;
Si vous le voulez, donnez-moi l’abondance de vos biens
Sinon la disette.
Que demandez-vous de moi ?
Que je me taise ou que je parle,
Que je fasse du bien ou que je n’en fasse pas,
Que la Loi ancienne me découvre mes plaies,
Ou que je goûte les douceurs de l’Evangile,
Que je sois dans la peine ou dans la joie,
Pourvu seulement que vous viviez en moi.
(Poésie 3)