La montée du Carmel

La montée du Carmel

I – Saint Jean de la Croix a eu une prédilection pour la montagne qui lui offrait à la fois un refuge solitaire pour s’adonner à la contemplation et une certaine image de la beauté, de la grandeur de Dieu.

A – La montagne lui apparaît comme un lieu favorable au recueillement, à la contemplation.

C’est ce qui ressort de ce qu’il écrit dans la Montée du Carmel “Lorsqu’il s’agit d’une affaire aussi importante et aussi intime que la relation avec Dieu, il convient de choisir le lieu qui distrait le moins…un lieu solitaire et sauvage qui laisse à l’esprit la liberté de monter vers Dieu. Ainsi notre Sauveur, voulant nous servir de modèle,choisissait pour prier des endroits solitaires…C’était souvent des montagnes qui d’ordinaire, sont dénuées de végétation. ” Montée du Carmel 3,39,2

 

B -La montagne symbolise à ses yeux la grandeur, la majesté, la beauté de Dieu.

“Les montagnes sont élevées; elles sont fertiles, spacieuses, belles, gracieuses, fleuries et embaumées. Mon Bien-Aimé est pour moi ces montagnes”. Cantique Spirituel B 14.15.6

C – La montagne symbolise aussi la connaissance essentielle de Dieu

qui se puise dans le Verbe Divin – Isaïe voulant exciter les hommes à la connaissance du Fils de Dieu leur disait : «Venez et montons à la montagne du Seigneur (Is 2.3) et en disant à l’Epoux : Allons nous voir en ta beauté sur ta montagne» L’âme veut dire transforme moi et assimile-moi à la Sagesse Divine qui est le Verbe Fils de Dieu.” Cantique Spirituel B 36.6.7

D – La montagne symbolise aussi l’effort accompli par l’âme pour trouver Dieu et s’unir à Lui.

“Cherchant sans trève mes amours j’irai par ces montagnes..” Pour trouver Dieu véritablement, il ne suffit pas de prier des lèvres ou même du cœur, ni d’avoir recours aux bienfaits d’autrui. Il faut agir de soi-même… Par les montagnes qui sont élevées, elle désigne les vertus à cause de leur sublimité mais aussi à cause de l’effort et de des difficultés que présente leur acquisition.” Cantique Spirituel B 3.2 et 4 –

 

II – La montagne rappelle aussi à Jean de la Croix les origines bibliques des frères du Mont Carmel en Palestine, c’est pour lui comme pour tout l’ordre carmélitain, le lieu de la rencontre vivifiante avec Dieu, au terme d’une longue montée, par un sentier à pic, symbole de l’effort accompli par le disciple pour parvenir à l’union d’amour quels que soient son état de vie ou les circonstances. C’est ainsi qu’un jour, pour un de ses disciples, Jean de la Croix a esquissé un croquis qu’il commentera dans son traité “La montée du Carmel” et dont voici quelques extraits.

 

A -“ Ce chemin est un chemin ardu, exigeant ”

“Celui qui est appelé à gravir la montagne pour entrer en communion avec Dieu doit renoncer à toutes choses et les laisser en bas,.. ne s’arrêter à rien de ce qui n’est pas purement Dieu.” MC 1.5.6

“Ce chemin vers Dieu ne consiste pas dans la multiplicité des méthodes, des goûts spirituels mais en une seule chose, qui est de savoir se renoncer véritablement pour le Christ, en se rendant en tout point conforme à Lui. Si on s’y exerce, tout le reste suit. Si au contraire cet exercice fait défaut, tout ce que l’on fait par ailleurs équivaut à faire effort pour escalader un arbre par l’extrémité des branches : on n’avance pas car tout l’avancement consiste à imiter le Christ qui est le Chemin la Vérité et la Vie.” MC 2.7.8

“Il s’agit d’entretenir un désir habituel d’imiter le Christ en toutes choses, en se conformant à sa vie qu’il faut étudier afin de la reproduire et de se comporter en tout comme il se comporterait Lui-même.” MC 1. 13. 3

“Pour y parvenir, toutes les fois qu’une satisfaction s’offre aux sens et qu’il n’y va pas de la gloire de Dieu ou du service des frères, y renoncer pour l’amour de Jésus-Christ qui n’a voulu en cette vie d’autre satisfaction que de faire laVolonté de son Père. ” MC 1.13.4

 

B – Ce chemin vers Dieu est aussi un chemin de Foi.

“L’âme avance sûrement lorsqu’elle marche davantage par la Foi (MC2.1.3) qui est l’admirable moyen qui nous permet d’atteindre le terme c’est-à-dire Dieu (MC2.2.1). Le chemin qui mène à Dieu est une voie sainte, la voie de la foi pure (MC 2.8.3). Elle est le seul moyen par lequel Dieu se manifeste à l’âme dans la lumière divine. Aussi plus l’âme est riche en foi, plus elle est unie à Dieu”. (MC 2.9.1)

C – Ce chemin vers le sommet de l’union divine est enfin un chemin d’humilité.

C’est en acceptant de descendre que l’on s’élève…

“Dans l’élan d’un exploit d’amour
pourvu, bien pourvu d’espérance
Je m’élevai si haut, si haut,…
Pour pouvoir arriver au but
Il me faudra voler si haut
Qu’enfin je me perde de vue
Mais plus je m’élevais en haut,
plus je me sentais faible et las
Et je me trouvais abattu.
Je dis : “je n’y parviendrai pas,
Et descendant si bas, si bas,
Je m’élevai si haut, si haut,
Que je pus atteindre ma proie…”
Poème 6

 

Mais une fois l’œuvre de l’union accompli, l’âme n’a plus rien d’autre à faire qu’à se tenir présente à Dieu par l’amour. Que sur la montagne personne ne paraisse, que seule la volonté se montre pour être présente au Bien-Aimé, en remise d’elle-même” (CSB 16.11) Oh l’heureuse aventure !

 

Prière

Seigneur,
tu as inspiré à ton serviteur Jean de la Croix
un renoncement total à lui-même
et un extraordinaire amour de la passion :
fais, qu’en nous attachant à le suivre,
nous parvenions à la montagne véritable,
le Christ Notre Seigneur.

 

Orientation de vie

Chaque matin
me renouveler dans mon désir de voir Dieu
et de m’unir à Lui.
Prendre avec courage et confiance
le chemin qui se présente à moi
à travers l’événement.

 

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