Chemin de perfection
Editorial
Dans son autobiographie que nous avons lue l’an dernier, Thérèse raconte sa vie personnelle, son combat sur le chemin de l’oraison et les grâces spirituelles qu’elle a reçues… Dans “Le Chemin ”, elle veut aider ses sœurs, et chacun de nous à entrer dans l’amitié du Christ par l’oraison. Elle part de son expérience personnelle qu’elle peut maintenant analyser avec lucidité et profondeur. Cette œuvre est un écrit pédagogique ; Thérèse parle en “ Maître spirituel ” ; elle veut convaincre de ne jamais abandonner ce chemin de l’oraison pour le bien de l’Eglise et du monde. La crise que traversent ce monde et l’Eglise ( rivalités entre les rois, divisions dans l’Eglise, l’Inquisition…), ne laisse pas Thérèse insensible “ En ce temps-là j’appris les malheurs de la France, les ravages qu’avaient faits ces luthériens… ” Ch.1,2. Elle réagit et se met en action courageu-sement, en 1562 elle fonde le 1er monastère de sa Réforme,Saint Joseph d’Avila .
“ Le Chemin de perfection. ” ( traduction de Marcelle Auclair )
Ch.1 : une fondation et une Réforme basées sur la prière…
“ …je pleurais devant le Seigneur et le suppliais de remédier à tant de maux. Je me sentais capable de donner mille fois ma vie pour sauver une des nombreuses âmes qui se perdaient là-bas…. j’ai donc décidé de faire le tout petit peu qui était à ma portée, c’est-à-dire suivre les conseils évangéliques aussi parfaitement que possible… et toutes ensemble, vouées à prier pour les défenseurs de l’Église, pour les prédicateurs et les théologiens qui la défendent, nous aiderions dans la mesure de nos moyens,mon Seigneur, si opprimé par ceux auxquels il a fait tant de bien, puisqu’il semble que ces traîtres voudraient le remettre sur la croix, sans qu’il trouve où reposer sa tête. ”
5. Ô mes soeurs dans le Christ! Aidez-moi, pour l’obtenir, à supplier le Seigneur; c’est dans ce but qu’il vous a réunies ici; telle est votre vocation, telles doivent être vos affaires, tel doit être l’objet de vos désirs, … Le monde est en feu, on veut condamner à nouveau le Christ, (…) on veut jeter à terre son Église, et nous devrions perdre du temps à des choses qui priveraient le ciel d’une âme de plus, si par hasard Dieu les leur accordait ? Non, mes soeurs, nous ne vivons pas en des temps où l’on puisse parler à Dieu d’affaires de peu d’importance.
Ch.2 : une fondation basée sur la pauvreté évangélique…
1. Ne pensez pas, mes soeurs, que si vous négligez de contenter ceux du monde vous n’aurez pas de quoi manger; je vous rassure… Fixez les yeux sur votre époux; c’est lui qui doit vous nourrir… N’oubliez point cela, pour l’amour du Seigneur; vous avez abandonné les rentes, abandonnez le souci de la nourriture; (…)
3. (…) Moins nous possédons, moins j’ai de souci ; le Seigneur sait bien qu’à ce qu’il me semble je suis plus en peine lorsque nous avons de l’excédent que lorsque nous manquons de quelque chose; cela vient peut-être du fait que j’ai déjà vu que le Seigneur a tôt fait d’y pourvoir. (…)
5. (…) La pauvreté est un bien qui renferme tous les biens du monde. Elle est un empire seigneurial ; je vous le dis, ne se soucier en rien des biens du monde, c’est être leur maître et seigneur. (…) je comprends en quoi consiste le grand honneur des pauvres, qui est d’ être vraiment pauvre ?
6. (…) Je dis que la pauvreté adoptée pour Dieu seul n’a besoin de contenter personne d’autre que Lui, (…)
Ch.3 : Prier pour les prêtres et les théologiens ;“ il s’agit de la Gloire de Dieu et du bien de son Eglise ”…
2. (…) efforçons-nous d’être telles que nos prières méritent d’aider ces serviteurs de Dieu (prédicateurs et théologiens) qui ont tant travaillé à se fortifier par l’étude et une vie exemplaire pour aider maintenant le Seigneur…
3. (…) car c’est eux qui doivent soutenir les faibles et donner du courage aux petits. (…) Ils doivent vivre au milieu des hommes, s’entretenir avec les hommes, fréquenter leurs palais, et parfois même paraître extérieurement semblables à eux; pensez-vous, mes filles, qu’il suffise d’un peu de force pour traiter avec le monde, se prêter, comme je l’ai dit, aux conversations du monde, tout en demeurant intérieurement étrangers au monde…
5. Je vous demande donc de tâcher d’être telles que nous méritions d’obtenir de Dieu deux choses. L’une, qu’un grand nombre des très nombreux hommes doctes et religieux qui existent aient les qualités voulues (…) L’autre, qu’engagés dans le combat qui n’est pas sans dangers, le Seigneur les tienne par la main pour qu’ils évitent les périls du monde et bouchent leurs oreilles au chant des chant des sirènes. Si nous pouvons obtenir quelque chose de Dieu, dans notre clôture, nous combattons pour Lui (…)
6. (…) Ne faites point cas des peines qui ont une fin lorsqu’il s’agit de rendre un service majeur à Celui qui a tant souffert pour nous; recherchez toujours ce qu’il y a de plus parfait. Je vous demande donc, pour l’amour du Seigneur, de demander à Sa Majesté de nous écouter, …pour sa gloire et le bien de son Église, qui sont l’objet de mes voeux.
7. Il semble osé de penser que je puisse aider à atteindre ce but; je me fie, mon Seigneur, à vos servantes qui sont ici, je sais qu’elles ne veulent ni ne prétendent rien d’autre que vous contenter. Elles ont quitté pour Vous le peu qu’elles avaient et voudraient avoir plus pour vous l’offrir. Vous n’êtes pas ingrat, mon Créateur, je n’ai pas sujet de penser que vous refuserez ce qu’on vous supplie de faire, vous n’avez pas non plus, Seigneur, haï les femmes quand vous étiez en ce monde, vous les avez même favorisées avec grande pitié. Quand nous vous demanderons des honneurs, ne nous écoutez point, ni quand nous vous demanderons des rentes, de l’argent, ou quelque chose qui rappelle le monde; mais lorsqu’il s’agit de l’honneur de votre Fils, pourquoi n’écouteriez-vous pas, Père Éternel, celles qui renonceraient mille fois à l’honneur et à la vie pour Vous Non pas pour nous, Seigneur, qui ne le méritons pas, mais par le sang de votre Fils et par ses mérites.
Prière
Thérèse, fille intrépide, sur les pas de Jésus Christ,
Le cœur brûlant et l’âme avide,
tu quittes tout : Il est ta vie!
Thérèse, femme inlassable, c’est l’amour qui t’a saisie,
Pour la fontaine intarissable, tu risques tout :
Dieu seul suffit !
Thérèse, sœur très humaine, passionnée de vérité, Dans ton élan, tu nous entraînes
à chercher Dieu et à aimer.
Parole pour aujourd’hui
“ Le monde est en feu… nous ne vivons pas en des temps où l’on puisse parler à Dieu d’affaires de peu d’importance” ch.1,5.
Qu’en est- t- il aujourd’hui ? Je me laisse interpeller par cette parole qu’elle nous adresse.
“Efforçons- nous d’être telles que nos prières méritent d’aider les Serviteurs de Dieu… pour sa gloire et le bien de son Eglise” ch.3,2
Thérèse croit en la puissance apostolique de la prière communautaire, pour le monde et pour l’Eglise.
Et moi ?