Editorial
Après avoir rencontré Edith Stein et médité sur son baptême et différentes étapes de sa vie , entrons plus avant dans la manifestation de l’amour, une vie imprégnée d’amour vrai, même avant sa conversion… Dès son enfance, Edith reçoit beaucoup d’amour, cet amour s’acquiert et se vit d’abord en famille :
« Chez nous… nous lisions à cœur ouvert dans le cœur de notre mère, pour savoir comment nous comporter. Maman nous enseignait l’horreur du mal »
L’amour de ses frères et sœurs est très manifeste chez Edith, toujours attentive à la vie, en parlant de sa sœur Rosa, qui, à l’époque, était chargée de l’entretien de la maison, elle dit :
“Plus que tous les autres j’ai expérimenté son fidèle amour fraternel durant ma vie.
La charge que Rosa remplissait à la maison lui offrait de nombreuses occasions de pratiquer des actes d’amour du prochain »
Dans ses relations avec ses camarades d’école, Edith se montre accueillante, la voilà avec une élève qui vient d’arriver :
« Nous avions des tempéraments et des goûts sensiblement différents, mais nous entretenions de bonnes relations de camaraderie. Elle se réjouissait de mes succès avec un bon cœur touchant »
Sa rencontre avec les universitaires lui fait faire la connaissance d’amis qui la suivront, tout au long de sa vie :
« J’avais perdu toute confiance dans les êtres humains que je côtoyais chaque jour, j’allais et venais avec l’impression d’être accablée d’un poids énorme : ce qui m’a guérie c’est le petit groupe d’amis à qui je pouvais faire confiance. »
Elle sait apprécier ces gestes d’amitié. Sa vie est riche, pleine de joie, de rencontres et d’émotions… Elle a besoin de s’élever et de grandir, elle va quitter Breslau pour Göttingen. C’est le professeur Reinach qui va l’introduire près du Professeur Husserl, la richesse de cette rencontre avec Reinach lui donne le sentiment d’avoir croisé la bonté.
Elle éprouve des sentiments d’empathie envers ses professeurs. :
« On ne peut ressentir les émotions qu’à la condition de les avoir éprouvées soi-même. Ainsi celui qui n’a jamais de chagrin ne peut reconnaître le chagrin de l’autre. »
Sa vie est souvent faite de solitude et d’exil, pourtant elle aspire à un autre monde :
« J’étais heureuse lorsque je travaillais avec les autres à la société philosophique et au séminaire de Reinach. »
1914 : A cette époque les évènements vont changer sa vie, un après-midi vers 16 heures, une annonce sur le tableau de l’Université !: ” La guerre est déclarée, les cours sont suspendus “. Edith prend une décision irrévocable, elle décide de s’engager comme infirmière à la Croix Rouge.
« Je n’ai plus de vie à moi, me dis-je, je dois investir toutes mes forces dans ce qui est en train de se passer. Quand la guerre sera finie, et si je suis encore vivante, je pourrai me remettre à penser à mes affaires personnelles. »
Après un premier service dans un « lazaret » de maladies contagieuses, Edith rentre à Breslau, et s’inscrit sans perdre de temps à un cours d’aide soignante, elle se rend tous les jours à l’hôpital. Elle fait une demande pour officier « exercer » en tant qu’infirmière, elle veut se sentir utile et apporter sa réponse à la douleur des autres.
« C’était de loin la relation aux malades qui me plaisait le plus, même si cela représentait quelques difficultés. »
Le besoin de se donner se fait de plus en plus présent et pressant. La guerre fait de plus en plus de victimes et Edith travaille de plus en plus.
Elle va être marquée par la mort d’un ami de longue date, Adolphe Reinach tué au front. Edith est bouleversée.
Devant aider la jeune veuve Anna à trier les papiers de son mari, elle appréhende à rendre ce service, mais elle découvre en elle toute la puissance de la lumière de la Croix.
C’est là le premier pas qui conduira Edith vers le baptême.
Malgré la guerre, Edith reprend ses études. Elle enseigne comme professeur le latin et l’histoire à Breslau. Cela lui convient. Elle s’y sent tout à fait à l’aise. Edith est toute entière vouée à ses élèves dans un mouvement qui va de l’intérieur vers l’extérieur, qui part d’elle-même vers les autres.
« Mais il était clair pour moi que je devais abandonner l’enseignement… je voulais garder l’espoir de faire une œuvre valable au plan philosophique. »
Dans tous ces évènements, Edith est mue par un amour profond de l’être, qui la pousse, de plus en plus, à la connaissance de l’Autre. Elle ne cesse de témoigner de l’amour … Alors elle s’engage à améliorer le rôle et la mission des femmes chrétiennes dans la société.
« Il appartient aux femmes de prendre leur destin en main… c’est en servant l’humain, par le don de sa personne que la femme parviendra à son accomplissement ».
L’éducation des femmes lui semble très importante.
« Etre une compagne : c’est-à-dire un appui et un soutien ; or, pour pouvoir l’être, il faut qu’elle soit elle-même solidement ancrée ; mais ce n’est possible que si tout est bien ordonné et équilibré intérieurement. »
Edith est un être spirituel, toujours en éveil, sensible, soucieux, avec beaucoup d’intuition pour secourir le prochain qui lui demandait son aide. Voici ce que le professeur E.Husserl disait d’Edith : « Chez elle, tout est pleinement authentique »
Cet amour de l’autre va jusqu’au don de soi, et plonge « ses racines dans l’Amour divin universel. »
« Notre amour pour les hommes est la mesure de notre amour pour Dieu. Mais celui-ci est tout de même différent de l’amour humain naturel… Pour les chrétiens, il n’y a pas d’homme étranger, cet homme qui se tient devant nous et qui a besoin de nous, c’est toujours le prochain… l’Amour du Christ ne connaît pas de frontières »
Au carmel, elle aida bien des personnes à renouveler leur vision de la vie et à s’engager à la suite du Christ. Nous pouvons méditer un de ses derniers messages :
« S’abandonner à Dieu d’une manière aimante et sans limites et recevoir son amour en retour, la pleine et durable union, voilà la plus grande élévation du cœur que nous pouvons atteindre »
Résonnance dans ma vie
Toute la vie d’Edith est imprégnée de l’amour de l’autre et de l’amour de Dieu et les deux ne font qu’un :
Ai-je le souci de manifester mon amour par quelques gestes simples ?
Prière
Laisse-moi, Seigneur, marcher sans voir
sur les chemins qui sont les tiens,
Je ne veux pas savoir où tu me conduis,
ne suis-je pas ton enfant ?
Même si Tu conduis à travers la nuit,
Tu me conduis vers Toi
Tu es le Seigneur du temps,
Fais tout selon les plans de ta Sagesse…
Laisse-moi dépasser mon petit moi
pour que morte à moi-même
Je ne vive plus que pour Toi”
(Texte trouvé dans le livre de prière d’Edith Stein)
|
|
|
|