La joie à la lumière des saints du Carmel- Edith Stein

Editorial 

Edith Stein est née en 1891 à Breslau en Silésie, dans une famille juive pratiquante. Avide de connaître, elle fait des études: de philosophie et devient l’une des premières femmes à soutenir sa thèse en 1917. Après avoir perdu la foi de son enfance, connu le mal de vivre, en lisant la Vie de Thérèse d’Avila elle découvre que la Vérité qu’elle recherche, depuis tant d’années, c’est Quelqu’un, une Présence intime, le Christ. En 1922, elle reçoit le baptême  et désire être Carmélite, mais devant la souffrance que ses choix occasionnent à sa mère, elle attendra douze ans avant d’entrer au carmel de Cologne.  En attendant, elle devient professeur de littérature chez les dominicaines de Spire, elle écrit à son ami Roman Ingarden :

« C’est un monde infini qui s’ouvre d’une manière absolument nouvelle, lorsque l’on commence à vivre vers l’intérieur et non vers l’extérieur. Toutes les réalités auxquelles on était auparavant confronté deviennent transparentes, et l’on perçoit les forces qui vous portent et vous animent véritablement. » (Lettre du 8 novembre 1927)

Dans ses écrits lorsqu’elle est au Carmel de Cologne, elle exprime une  joie toute intérieure, elle comprend que le don de soi à Dieu est l’activité paisible de la vie divine.

Le don de soi à Dieu, par amour et sans limite,  et le don divin    en retour,   l’union pleine et constante,   est la plus haute   du cœur qui nous soit accessible, le plus haut degré de la prière.”
“Les âmes qui l’ont atteint sont en vérité le cœur de l’Eglise : en elles vit l’amour de Jésus grand-prêtre. Cachées en Dieu avec le Christ, elles ne peuvent que rayonner dans d’autres cœurs l’amour divin dont elles sont remplies et concourir ainsi à l’accomplissement de l’unité parfaite de tous en Dieu, ce qui était et demeure le grand désir de Jésus… L’âme qui, à ce plus haut degré de la prière mystique, est parvenue à «l’activité paisible de la vie divine» ne pense qu’à se consacrer à l’apostolat auquel Dieu l’a appelée”. (La prière  de l’Eglise – Source cachée p.71)
“Pour les esprits bienheureux qui ont pénétré dans l’unité de la vie intime de Dieu, tout est unifié: le repos et l’activité, la contemplation et l’action, le silence et le discours, l’écoute attentive et la communication de soi, l’amour qui reçoit et se donne et l’épanchement de l’amour qui chante sa louange et sa reconnaissance… (La prière de l’Eglise – Source cachée p.72)
Nous devenons membres du corps du Christ «non seulement par l’amour […], mais aussi très réellement en étant un avec sa chair: cela est réalisé par la nourriture qu’il nous a offerte pour nous prouver le désir qu’il a de nous. C’est pourquoi il s’est lui-même abaissé jusqu’à venir en nous et qu’il a façonné en nous son propre corps, afin que nous soyons un, comme le corps est uni à la tête…» En tant que membres de son corps, animés par son Esprit, nous nous offrons nous-mêmes en offrande «par lui, avec lui et en lui» et nous unissons nos voix à l’éternelle action de grâce. C’est pourquoi l’Eglise met sur nos lèvres après la communion cette prière: « Comblés d’un si grand bien, nous te supplions, Seigneur: fais que nous en retirions des fruits pour notre salut et que jamais nous ne cessions de chanter ta louange”  (La prière de l’Eglise – Source cachée p.74)

“Dans ces conditions habituelles d’existence, il n’y a pour la carmélite aucune autre possibilité de rendre à Dieu amour pour amour qu’en remplissant fidèlement ses devoirs quotidiens jusque dans le moindre détail; en offrant joyeusement, jour après jour, année après année, tous les petits sacrifices qu’exige d’un esprit plein de vie une organisation minutieuse de la journée et de la vie; en remportant avec le sourire de la charité  toutes les victoires sur soi que nécessite en permanence l’étroite vie commune avec des personnes de caractères différents; en ne laissant passer aucune occasion de servir les autres par amour. Il s’y ajoute enfin les sacrifices que le Seigneur peut imposer à chaque âme individuelle. C’est la «petite voie», un bouquet de petites fleurs à peine écloses et passant inaperçues, un bouquet déposé chaque jour devant le Saint des Saints – peut-être le silencieux martyre d’une vie entière dont nul ne soupçonne rien – source de joie profonde et d’allégresse intérieure en même temps que puits de grâce jaillissant sur la terre – nous ne savons où, et ceux qu’elle touche ignorent d’où elle vient”.     (L’histoire et l’esprit du Carmel – Source cachée p.226-227)

“L’union avec le Christ est notre béatitude et l’approfondissement de notre union avec lui fait notre bonheur ici-bas, l’amour de la croix ne se trouve donc nullement en contradiction avec notre joie d’être enfants de Dieu. Aider à porter la croix du Christ donne une allégresse forte et pure et ceux qui y sont appelés et qui le peuvent, ceux qui participent ainsi à l’édification du Royaume de Dieu sont vraiment les enfants de Dieu. Ainsi, la prédilection pour le chemin de la croix ne signifie pas non plus que l’on répugne à voir le vendredi saint passé et l’œuvre de la Rédemption accomplie. Seuls des rachetés, seuls des enfants de la grâce peuvent vraiment porter la croix du Christ. Ce n’est que de l’union avec la Tête divine que la souffrance humaine reçoit une puissance d’expiation. Souffrir et être bienheureux dans la souffrance, se tenir debout sur la terre, aller de par les chemins poussiéreux et caillouteux de cette terre tout en siégeant avec le Christ à la droite du Père, rire et pleurer avec les enfants de ce monde sans cesser de chanter avec les chœurs angéliques la louange de Dieu, voilà la vie du chrétien, jusqu’à ce que se lève l’aurore de l’éternité”.  (L’expiation mystique – Source cachée p.234)

Solidaire du peuple juif, persécuté par les Nazis, en août 1942, elle est déportée et gazée à Auschwitz.

Résonnance pour notre vie …

Après un long parcours de la recherche de la Vérité, Thérèse Bénédicte de la Croix a trouvé sa joie dans l’intimité de sa vie avec le Christ, c’est une joie paisible, profonde, toute intérieure qui ne la quittera pas même au moment les plus pénibles dans l’horreur du camp d’Auschwitz.

Réfléchissons à notre parcours… A quelles sources puisons-nous notre joie ?

Prière.

Tu sièges sur ton trône à la droite du Père
Tu trônes au Royaume de sa gloire éternelle,
Toi qui, dès l’origine, es Parole de Dieu.

Tu domines et tu règnes sur le trône suprême,
sous ta forme humaine, ton corps transfiguré,
depuis que, sur la terre, ton œuvre est achevée,

Oui, c’est bien là ma foi, ta Parole me l’enseigne,
et parce que je crois j’en connais le bonheur:
de là s’épanouit l’espérance bienheureuse.

C’est ton trône royal sur la terre, ô Seigneur,
un trône bien visible que tu bâtis pour nous,
Avec joie tu me vois m’en approcher tout près.

(Extrait du dernier poème composé à Echt en juin1942)

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