Le Livre des Demeures.
Editorial
Nous venons de commencer le “Livre des Demeures” de Sainte Thérèse d’Avila. Dans le prologue et le chapitre 1 des “Premières Demeures” Thérèse nous a invités à regarder notre âme comme un “château” où Dieu habite… “à prendre conscience de la grande beauté de l’âme et de sa vaste capacité. ” Et Thérèse nous indique que la porte d’entrée de ce château est l’oraison. Et au chapitre II des 1ères Demeures Thérèse nous situe face au problème du mal, du péché, en soulignant le désordre qu’il génère en nous privant de la relation avec Dieu.
“Avant d’aller plus loin, je tiens à vous demander de considérer ce qu’on peut éprouver à la vue de ce château si resplendissant et si beau, cette perle orientale, cet arbre de vie planté à même les eaux vives de la vie, qui est Dieu, lorsque l’âme tombe dans le péché…Sachez seulement que, bien que le soleil qui lui donnait tant d ‘éclat et de beauté soit encore au centre de cette âme, il semble n’y être point, elle ne participe point de Lui… Et pourtant elle est aussi capable de jouir de sa Majesté que le cristal de faire resplendir le soleil. Elle ne bénéficie de rien : toutes les bonnes actions qu’elle accomplit ainsi en état de péché ne portent aucun fruit. Rien ne peut donc être agréable aux yeux de Dieu quand nous nous éloignons de Lui. (1De 2/1)
Il convient de considérer ici que la fontaine, ce soleil resplendissant qui est au centre de l’âme ne perd ni éclat, ni beauté… Il est toujours en elle, rien ne peut lui ôter sa beauté, mais si on jetait un drap très noir sur un cristal exposé au soleil, il est clair que la clarté du soleil n’opérera point sur le cristal. (1 De 2/3)
“Âmes rachetées par le sang de Jésus comprenez donc l’état où vous êtes tombées et ayez pitié de vous !”…. Rien ne mérite le nom de malheur si ce n’est le péché qui entraîne des maux éternels. Voilà ce que nous devons craindre et ce que nous devons demander à Dieu dans nos prières… ”
Sa grâce peut produire en nous deux choses :
“L’une, l’immense crainte de l’offenser, la seconde, un miroir d’humilité sachant que tout ce que nous pouvons faire de bon n’a pas son principe en nous, mais dans cette fontaine où est planté l’arbre de notre âme, dans ce soleil qui réchauffe nos œuvres ” (1 De 2/5)
Alors Thérèse nous fait revenir au château et nous avertit que :
“Les choses de l’âme doivent toujours se considérer dans la plénitude, l’ampleur et la grandeur. L’âme est capable de beaucoup plus que ce que nous pouvons imaginer et le soleil qui est dans ce palais se communique à toutes ses parties ” (1 De 2/8)
Thérèse continue en insistant sur la connaissance de soi si importante, nous dit comment l’obtenir et nous enseigne comment trouver la vraie humilité.
“ La connaissance de soi ! elle est si nécessaire même pour celles que le Seigneur a introduit dans la Demeure où il se trouve Lui-même… Dieu fait à l’âme une grande miséricorde lorsqu’il lui permet de se connaître. L’humilité travaille toujours à la façon dont l’abeille fait le miel dans la ruche, sinon tout est perdu. Considérons que l’abeille ne manque pas de sortir pour rapporter des fleurs, ainsi fait l’âme, par la connaissance de soi … Comme l’abeille, envolez-vous de temps en temps pour considérer la grandeur et la majesté de Dieu… vous pratiquerez beaucoup mieux la vertu en considérant les perfections divines qu’en tenant toujours le regard fixé sur votre propre limon. (1 De 2/8)
… Tant que nous sommes sur terre rien ne doit avoir plus d’importance pour nous que l’humilité… Cherchez à mieux progresser dans l’humilité… jamais nous n’arriverons à nous connaître si nous ne cherchons pas à connaître Dieu… En contemplant sa grandeur, penchons-nous sur notre petitesse ; en contemplant sa pureté, nous verrons notre souillure, et son humilité nous découvrira combien nous sommes loin d’être humbles… Nous devons fixer nos regards sur le Christ, notre Bien. Là, nous apprendrons la véritable humilité… Terribles sont les ruses du démon pour empêcher les âmes de se connaître et de discerner leur chemin ” (1 De 2/11)
En nous indiquant où nous nous situons sur ce chemin, Thérèse nous place face au combat de la vie en toute pauvreté personnelle.
“Dans les Premières Demeures les âmes sont encore absorbées par le monde, elles ne sont pas assez fortes ; elles sont facilement vaincues malgré leur désir de ne pas offenser Dieu. Celles qui se trouvent dans cette situation devront souvent avoir recours à sa Majesté, demander à sa bienheureuse Mère, à ses saints, d’intercéder et de combattre pour elles… Quel que soit notre état, il faut que la force nous vienne de Dieu. Plaise à sa Majesté de nous la donner dans sa Miséricorde.
Il est très utile pour obtenir de pénétrer dans les Secondes Demeures, que chacun, selon son état, tâche de se dégager des choses et affaires qui ne sont pas nécessaires (choses mondaines, richesses, honneurs.)… C’est d’une importance telle que j’estime impossible qu’on accède à la Demeure principale sans commencer par là ” (1 De 2/14)
Puis Thérèse conclut en nous rappelant en quoi consiste la vraie perfection :
“Le démon agit comme une lime sourde. Nous devons le déceler dès le début. Ce qu’il recherche ce n’est rien de moins que refroidir la charité et l’amour des sœurs les unes pour les autres…
La véritable perfection est dans l’amour de Dieu et du prochain. Plus nous observons ces deux commandements, plus parfaites nous serons.” (1 De 2 /17)
Prière
Tu es là présent livré pour nous
Toi le tout petit le serviteur,
Toi le Tout Puissant, humblement tu t’abaisses,
Tu fais ta demeure en nous Seigneur !
Par le don de ta vie,
Tu désires aujourd’hui reposer en nos cœurs,
Brûlé de charité, assoiffé d’être aimé,
Tu fais ta demeure en nous Seigneur !
Unis à ton amour
Tu nous veux pour toujours
Ostensoirs du Sauveur,
En notre humanité, tu rejoins l’égaré,
Tu fais ta demeure en nous Seigneur !
Parole pour aujourd’hui
“Nous devons fixer nos regards sur le Christ, notre Bien. Là, nous apprendrons la véritable humilité… Quel que soit notre état, il faut que la force nous vienne de Dieu.
Plaise à sa Majesté de nous la donner
dans sa Miséricorde. ”(De 2)
Mettons-nous en silence sous le regard de Dieu. Voyons comment il nous fait connaître notre vérité et rendons-lui grâce de nous inviter à entrer en nous-mêmes pour le rencontrer.