La Présence eucharistique

Les Fondations

Editorial

“A force de travail, nous trouvâmes ce qui nous fallait. Les uns tapissaient, nous nettoyions le sol, enfin nous fîmes si bien diligence qu’au petit matin l’autel était dressé, la cloche dans un corridor et l’on dit immédiatement la messe. Cela suffisait pour prendre possession…C’est pour moi une grande joie de voir une Eglise de plus où se trouve le Saint Sacrement ”(F3/9 et 10 ).

C’est ainsi que “ la Madre ”  fonde le monastère de Saint Joseph à Medina del Campo.

“Les grâces que le Seigneur répand sur ces maisons sont telles que s’Il guide une ou deux religieuses dans la voie de la méditation, toutes les autres arrivent à la contemplation parfaite et quelques unes vont si loin qu’elles atteignent au ravissement… ” (F4/8).

Avec la présence eucharistique et la pratique de l’oraison Thérèse pose les fondements de sa réforme du Carmel.

“Malgré toutes nos démarches, il fut impossible de trouver dans toute la ville une maison à louer ; mes jours et mes nuits étaient fort pénibles. Des hommes veillaient auprès du Saint Sacrement, mais l’idée qu’ils pourraient s’endormir m’inquiétait. Je me levais donc la nuit pour regarder par une fenêtre, il faisait un beau clair de lune, et je pouvais bien voir. Les gens vinrent nombreux au cours de ces journées et non seulement ils ne trouvaient pas mal de voir Notre Seigneur dans le “ portal ”, mais ils en étaient fort édifiés ; et sa Majesté, jamais lasse de s’humilier pour nous, semblait ne pas vouloir partir de là… . Fond. 3,13 )

Si mes souvenirs sont exacts, jamais je n’ai renoncé à une fondation par peur des difficultés, bien que les voyages, et en particulier les longs déplacements, m’aient toujours été pénibles à l’extrême ; mais une fois en route, pensant à Celui que je servais, tout me semblait peu de chose à l’idée qu’en cette maison on louerait le Seigneur et que le Saint Sacrement y serait. C’est pour moi une consolation particulière que de voir une église de plus lorsque je songe à toutes celles que les luthériens suppriment. Je me demande quelles peines, pour grandes qu’elles soient, on peut craindre en échange d’un tel bienfait pour la chrétienté, nous devrions trouver une grande consolation à voir Jésus-Christ, vrai Dieu, vrai homme présent dans le Saint Sacrement en de nombreuses localités. A vrai dire, au chœur, je me réjouis de voir ces âmes si pures louer Dieu…” (F18/5)

 

Ces instants prolongés et fréquents devant le Saint Sacrement façonnent l’âme des carmélites, Dieu, alors, les enrichit peu à peu par des grâces de plus en plus nombreuses dans l’oraison.

“Donc, en considérant les choses spirituelles qui surviennent ces années-ci dans ces monastères, j’estime nécessaire d’aborder ce sujet… Les sœurs ne doivent pas craindre d’être abusées… jamais le Seigneur ne laisse au démon la liberté de nous tromper au point de nuire à notre âme, tant que notre conscience reste pure et que nous vivons dans l’obéissance… (F4/2)

Comment, Seigneur, pourrait-on admettre que vous pourriez ne pas nous sauver lorsque nous ne cherchons qu’à vous contenter et à nous délecter en vous ? Jamais je ne le croirai… Si nous restons humbles, avec l’aide de la miséricorde de Dieu, nous atteindrons cette ville de Jérusalem où nos souffrances nous sembleront peu de chose, des bagatelles, comparées à nos joies… ”(F4/4)

 

Thérèse aborde maintenant un obstacle sur le chemin de l’oraison.

“Les Sœurs de St Joseph de Salamanque d’où j’écris actuellement ceci, ont beaucoup insisté pour que je leur disent comment elles doivent agir envers celles qui sont d’humeur mélancolique… (F7/1).

La prieure doit éviter de leur donner des ordres dont elle prévoit qu’ils provoqueraient leur résistance : elles n’ont pas la force de se dominer ; elle doit les conduire avec autant de force que d’amour, et obtenir d’elles que ce soit par amour qu’elles se soumettent ; rien n’est plus efficace que de leur témoigner par des actes, des paroles, qu’on les aime beaucoup… ” (F7/9)

 

Quels chemins sommes-nous invitées à emprunter pour une vie d’oraison avec le Christ Jésus ?

“Je veux d’abord d’après mon pauvre entendement, traiter de la substance de la parfaite oraison… Je ne dis pas que ce ne soit pas une grâce du Seigneur que de pouvoir méditer sans cesse sur ses œuvres, il est même bon de nous y efforcer. Mais il faut bien comprendre que toutes les imaginations n’y sont pas naturellement portées tandis que toutes les âmes sont douées pour aimer… Il résulte donc qu’il ne s’agit pas de penser beaucoup, mais de beaucoup aimer… (F5/2).  Comment acquérir cet amour : en décidant d’agir et de souffrir en appliquant ce principe en toute circonstance. Il est vrai qu’il nous suffit de penser à ce que nous devons au Seigneur, à ce qu’Il est, à ce que nous sommes, pour rendre notre âme intrépide ; c’est méritoire, et fort utile aux débutants, à condition pourtant que nos devoirs d’obéissance ou d’assistance à notre prochain ne s(interposent pas. L’une et l’autre chose empiètent sur le temps que nous désirerions tant donner à Dieu, seules avec sa pensée, nous régalant de ses régals. Mais y renoncer pour n’importe laquelle de ces deux choses, c’est Le régaler, Lui, et agir comme Il nous le dit de Sa bouche : « toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un des plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faîtes ». Quant à l’obéissance, qui bien aime Notre Seigneur ne voudra pas suivre un autre chemin que celui qu’Il a suivi. (F5/3)  La solitude doit être, en résumé, préférée… (F5/15)

Je tiens le jour où l’humble révélation de nous-mêmes nous a valu bien des afflictions et bien des peines pour une plus grande grâce du Seigneur que beaucoup de journées d’oraison. D’autant plus que le véritable amant aime en tous lieux et pense sans cesse à l’aimé ! Ce serait un peu fort si nous ne pouvions faire oraison que dans les recoins !… O Seigneur, quelle puissance a auprès de Vous le soupir sorti du fond de nos entrailles, expression du chagrin d’être non seulement exilées, mais encore privées de jouir de Vous dans la solitude…  (F5/16)

On ne peut concevoir, sans l’avoir connu soi-même, le bonheur qu’on éprouve dans ces fondations lorsque nous nous trouvons enfin derrière une clôture où nul séculier ne peut entrer ; car pour beaucoup que nous les aimions cette affection ne vaut pas la consolation que nous trouvons dans la solitude. Cela peut se comparer aux poissons qu’on tire de la rivière avec un filet, et qui ne peuvent vivre si on ne les rejette pas à l’eau… ” (F31/46)

 

Thérèse n’omet pas de donner quelques conseils aux prieures pour conduire les sœurs sur le chemin où Dieu les invite à marcher .

“La modération est une grande chose dans le gouvernement… car tout ce qui concerne nos sœurs doit tenir compte à la fois de leur vie extérieure et de leur vie intérieure… les supérieures doivent admettre qu’elles ne sont pas placées là pour choisir les voies selon leur goût mais pour conduire les sœurs sur le chemin de la Règle et des Constitutions, même si elles doivent se contraindre, et vaincre leurs préférences…”.  (Fond.18, 6) (traduction Marcelle Auclair)

 

Prière

icone trinite“O mon Dieu, Trinité que j’adore,
aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en Vous, immobile et paisible
comme si déjà mon âme était dans l’éternité.
Que rien ne puisse troubler ma paix,
ni me faire sortir de vous, O mon immuable,
mais que chaque minute m’emporte plus loin
dans la profondeur de votre mystère…
O mon Christ aimé…
Je vous demande de me revêtir de vous-même…
afin que ma vie ne soit plus
qu’un rayonnement de votre vie…”
(Bienheureuse Elisabeth de la Trinité)

 

eucharistie02Parole pour aujourd’hui

“Il ne s’agit pas de penser beaucoup mais de beaucoup aimer.” (F5/8)

Comment vais-je mettre en pratique ce conseil de Ste Thérèse ?

 

 

 

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