Editorial
Après avoir pris conscience de la place importante de St Joseph modèle et protecteur pour la famille du Carmel (feuillet n°1), et avoir goûté comment Ste Thérèse d’Avila (feuillet n°2) lui a donné une grande place, puis toute son importance dans la vie de Ste Thérèse de Lisieux (feuillet n°3), nous allons dans ce dernier feuillet traverser les vies ou écrits de quelques autres saints du Carmel pour nous laisser toucher et interpeller par leur expérience.
Saint Jean de la Croix (1542-1591)
A Grenade, le Père Jean de la Croix est le confesseur des Carmélites Déchaussées, mais un jour il ne peut descendre les voir et confie ce service à deux frères : Le Père Pedro et le Père Evangélista. Or au retour, les deux carmes font la rencontre d’un homme d’une cinquantaine d’années, de bonne taille, au teint clair et rosé, avec des cheveux blancs. « Il est vêtu d’un costume noir et son aspect est vénérable. Il s’approche des déchaussés, se met entre eux et leur demande d’où ils viennent. « De chez les moniales déchaussées » répond le Père Pedro. « Vous avez raison de leur venir en aide, réplique l’homme mystérieux, parce que dans cet ordre on plait beaucoup à notre Seigneur et sa Majesté l’estime beaucoup, et il ira en s’accroissant. » Et il leur demande à nouveau : « Pères, pourquoi votre ordre –t-il tant de dévotion à St Joseph ? » ‘ « Notre Mère sainte Thérèse lui était très dévote parce qu’il l’avait beaucoup aidée, dans ses fondations et lui avait obtenu beaucoup de choses, et c’est pour cette raison que les maisons qu’elle a fondées sont intitulées San José ». « Et il y une autre faveur, réplique le personnage, regardez mon visage et ayez beaucoup de dévotion pour ce saint, car vous ne lui demanderez pas une chose qu’il ne vous l’obtienne ». Les déchaussés ne le voient plus. Quand ils (..) arrivent au couvent de Los Martinez, ils racontent au prieur ce qui s’est passé. Frère Jean de la Croix ne montre aucun étonnement et leur dit : «Par exemple ! Vous ne l’avez pas reconnu ! Sachez que c’était saint Joseph ; vous auriez dû vous agenouiller devant ce saint. Et il ne vous est pas apparu pour vous, mais pour moi, parce que je n’étais aussi dévot que j’aurais dû, mais je le serai désormais. » (Crisogono de Jésus, Vie de jean de la Croix, cerf, p 327-328)
Sainte Mariam de Jésus Crucifié (1846-1878), née en Galilée et décédée à Bethléem, carmélite canonisée en 2015, fêtée liturgiquement le 26 août.
Orpheline à 3 ans, recueillie par son oncle et laissée pour morte alors qu’elle refuse d’être mariée de force à 13 ans, Mariam travaillera alors à Jérusalem, Beyrouth puis Marseille.
L’enfance particulière de Mariam est marquée par la compagnie d’un homme qui lui est apparu plusieurs fois. « Alors qu’elle était domestique dans une famille de Marseille, elle avait remarqué qu’un homme tenant par la main un jeune enfant, la suivait lorsqu’elle allait à la messe jusqu’au retour, mais il ne lui avait jamais parlé. (..) Un autre jour, étant allée à Notre Dame de la Garde, l’homme et l’enfant qu’il tenait toujours par la main marchaient à côté d’elle ; elle se hasarda donc à lui dire : « Monsieur, si, en me suivant ainsi, vous avez l’intention de me faire quelque proposition de mariage, vous pouvez vous en épargner la peine, car je ne me marierai jamais. ». «Je sais que vous voulez aller au couvent » lui répondit l’inconnu. Mais croyant qu’il se moquait d’elle, elle le pria de ne plus la suivre, mais il reprit : « Je vous suivrai jusqu’à ce que vous soyez au couvent. » Peu de temps après Mariam entrait chez les sœurs de Saint Joseph de l’Apparition. « O que l’obéissance est bonne, c’est mon frère, l’humilité, c’est ma mère, la simplicité c’est mon Père, l’obéissance, c’est Jésus, l’humilité, c’est Marie, la simplicité, c’est Joseph, voilà mes modèles. » Revue Carmel n°139, mars 2011, p99s. Mariam, novice, sera réorientée par les soeurs vers le Carmel.
Sainte Elisabeth de la Trinité (1880-1906), carmélite canonisée en 2016 par le pape François.
Dans son Journal, le 1er mars 1899, Elisabeth écrit : « La mission approche, je redouble de prières pour son succès, et particulièrement pour la conversion de cette âme que je veux absolument amener à Dieu. Cette idée me poursuit jour et nuit. Ce matin j’ai communié pour l’ouverture du mois de saint Joseph et j’ai supplié ce grand saint en qui j’ai une bien grande confiance de venir à mon aide pour ramener ce pécheur. » Le Dimanche 12 mars 1899, elle écrit dans ce même journal toujours dans son souci de ramener cette âme à Jésus : « O bon Jésus, oui, n’est-ce pas, vous m’aidez ?… Aujourd’hui se termine ma neuvaine à saint François Xavier que j’ai faite pour monsieur Chapuis. J’en ai commencé une à saint Joseph en qui j’ai tant de confiance, et une autre à Notre-Dame du Perpétuel-Secours, patronne des missions !… » et elle parlera le 20 mars de la consécration des familles à St Joseph qui avait lieu à cette époque.
Dans sa lettre du 12 mars 1904 à sa sœur Guite, qui vient d’accoucher d’une petite fille, elle écrit : (…) « Oh, ma Guite, je l’aime, ce petit ange, autant je crois que sa petite maman, ce n’est pas peu dire. Et puis, vois-tu, je me sens toute pénétrée de respect en face de ce petit temple de la Sainte Trinité ; son âme m’apparaît comme un cristal qui rayonne le bon Dieu, et si j’étais près d’elle je me mettrais à genoux pour adorer Celui qui demeure en elle.(…) Je vois que le bon Dieu exauce les prières de ses carmélites puisque bébé et maman vont si bien. Notre Révérende Mère a été bien heureuse des nouvelles que ma bonne maman lui a envoyées aujourd’hui ; je suis certaine que saint Joseph achèvera son œuvre et que tu pourras nourrir ta fille chérie. Je prie bien à cette intention, car je sens combien elle t’est chère ! »
Alors que la santé d’Elisabeth se détériore, le 1er janvier 1906, les carmélites tirent au sort un patron pour la nouvelle année : saint Joseph échoit à Elisabeth, elle réagit devant la communauté : « saint Joseph est le patron de la bonne mort, il vient me chercher pour me conduire au Père» et le 14 mars 1906 elle écrit à sa maman : « Je ne suis pas étonnée des délicatesses de l’excellente Madame Sourdon. Quelle amie ! Cela m’est un repos de la savoir près de toi. Dis-lui que je prie beaucoup St Joseph, j’espérais qu’il s’était fait quelque chose pour sa fête ; je suis pleine d’espoir ! » Lettre 265
Sainte Bénédicte de la Croix , Edith Stein (1891-1942)
Dans « La crèche et la croix » sur le Corps mystique, Thérèse Bénédicte de la Croix : « Tel est le commencement de la vie éternelle en nous. Ce n’est pas encore la vision béatifique dans la lumière de gloire, c’est encore l’obscurité de la foi; mais ce n’est plus l’obscurité de ce monde – c’est être déjà dans le Royaume de Dieu. Lorsque la Vierge prononça son fiat, le Royaume de Dieu commença sur terre, et elle en fut la première servante. Tous ceux qui, avant ou après la naissance de l’Enfant, se réclamèrent de lui en paroles et en actes, Joseph, Elisabeth et son enfant, et ceux qui se tinrent autour de la crèche, entrèrent, eux aussi, dans le Royaume de Dieu»
Le Bienheureux Père Marie Eugène (1894-1967), né dans l’Aveyron, mort à Venasque, Carme, fondateur de l’Institut Notre Dame de vie, nous rappelle « En nous enseignant le Notre Père, Jésus a consacré l’excellence de la prière vocale ; il avait lui-même prié vocalement sur les genoux de Marie sa mère le soir, en compagnie de Joseph son père nourricier ; fréquemment aussi à la synagogue avec les enfants de son âge et le jour du sabbat au milieu de l’assemblée des fidèles. » dans Je veux voir Dieu (Premières étapes, ch 3 Les première oraisons). Et dans sa conférence « Heureuse celle qui a cru », il souligne : « Ce que saint Joseph a fait pour le corps de notre Seigneur, il l’a fait pour toute sa descendance pour tout le corps mystique du Christ, pour toute l’Eglise. Demandons à st Joseph de nous apprendre l’excellence de la vie cachée, toutes ses richesses, comment le plan de Dieu est là. (p. 63).(…) Demandons lui qu’il nous cache lui aussi, et nous empêche de céder à la tendance exhibitionniste qui croit que pour qu’il y ait du bien il faut qu’il y ait du brillant. Qu’il nous apprenne donc à simplifier notre regard, qu’il soit notre maître d’oraison. Jamais une âme ne se confie à st Joseph sans recevoir une lumière abondante. Qu’il nous apprenne à lire l’Evangile, à nous contenter de sa lumière simple, dépouillée, qui nous découvre les faits sans fioritures, la vérité elle-même, et que, comme lui, nous sachions nous contenter de la présence de Jésus et de Marie. Que cette présence nous suffise même si elle n’est pas accompagnée de lumières et de consolations. Sachons que c’est dans le contact que se trouve l’essentiel pour réaliser notre vie spirituelle et accomplir notre mission ». (p.64)
Et aujourd’hui…
Laissons-nous interpeler par ces auteurs, leurs écrits et parfois plus leur vie, pour choisir St Joseph comme compagnon de route.
C’est avec Lui et en Lui confiant chacun de vous, lecteurs habitués ou d’un jour, que nous achevons cette belle aventure du partage du charisme du Carmel sous la forme de ces feuillets.
Depuis plus de 20 ans, ils nous ont nourris, laïcs, prêtres et religieuses. Ils sont depuis 2013, à votre disposition sur notre site. Vous pouvez continuer de les consulter par diverses entrées. Après avoir approfondi les écrits de divers saints, nous sommes parties plusieurs années de la Parole de Dieu, évangiles commentés par les saints du Carmel, et ces dernières années de divers thèmes : la prière, la miséricorde, la joie, la Vierge Marie, vivre la fraternité, l’écologie spirituelle.
Nous restons en union de prière.
Document à télécharger 4 Saint Joseph et d’autres saints n°4