Editorial
Toute la vie de Ste Thérèse de Lisieux a été marquée par ses amitiés avec les saints. St Joseph joua un rôle important dans sa vie et, dans ses écrits, elle exprimera comment elle contemple cette figure…
Lorsqu’elle entre au Carmel Thérèse est déjà amie avec St Joseph. Pour Thérèse, il s’agit d’une dévotion familiale.
Les deux fils de Louis et Zélie, morts en bas âge, avaient été mis sous le patronage de St Joseph au moment de leurs baptêmes. Dans sa chambre des Buissonnets, Thérèse écrit que devant sa fenêtre était placée une table avec une petite statue de St Joseph, (…) C’était dans cette chambre qu’elle aimait rester pour étudier et méditer. cf MA 43 r.
Dans un devoir que l’on retrouve dans ses cahiers d’écolière, Thérèse loue les mérites du père adoptif de Jésus : « Saint Joseph ! Qui osera publier ses louanges ? Qui pourra rapporter se vie et ses mérites. L’Evangile en parlant de Joseph ne dit qu’une chose : c’était un homme juste et craignant Dieu ».
Par ailleurs, Thérèse qui a perdu sa mère à 4 ans a reporté son affection sur son père qui mettra un soin particulier à veiller sur ses enfants, notamment la petite dernière. cf. MA 13 r. La figure du Père va prendre une place décisive dans la croissance de Thérèse. Louis Martin sera la grande référence de l’enfant, de l’adolescente et même de l’adulte qu’elle sera. La sœur de Thérèse, Céline écrivait d’ailleurs « le caractère de mon père était une grande droiture. C’était un homme juste par excellence, quand je veux me figurer saint Joseph, je pense à mon père ».
En St Joseph Thérèse trouve un appui paternel qui lui rappelle son propre père terrestre, mais elle transposera aussi cette expérience sur la première personne de la Trinité. A la fin de sa vie elle répondra à sr Agnès sur ce que signifie pour elle rester petite : « c’est reconnaître son néant, attendre tout du Bon Dieu, comme un petit enfant attend tout de son Père » et à sa soeur Marie, elle explique sa doctrine en précisant : « ce chemin c’est l’abandon du petit enfant qui s’endort sans crainte dans les bras de son Père.. » Manuscrit B, 1 r.
Bien sûr Thérèse trouvera au Carmel une nouvelle raison de vénérer le père adoptif de Jésus, dans la ligne de la Madre Ste Thérèse d’Avila réformatrice du Carmel.
A L’abbé Bellière qui lui demande d’être la marraine d’enfants qu’il va baptiser, elle écrit qu’elle désire leur donner pour protecteurs la Ste Vierge et St Joseph notamment : cf Lettres : LT 220 et LT 224 de 1897.
Comment Thérèse parle-t-elle de St Joseph ?
Dans ses écrits une bonne partie des 48 occurrences relatives à St Joseph passe inaperçue. On remarque toutefois que Joseph est souvent accompagné de la Vierge Marie et de l’Enfant Jésus. Cf MA 57 « Depuis mon enfance j’avais pour [saint Joseph] une dévotion qui se confondait avec mon amour de la Sainte Vierge » écrit-t-elle et lors de sa visite à Lorette lors pendant son pèlerinage en Italie « Ah! mon émotion a été profonde en me trouvant sous le même toit que la Ste Famille, en contemplant les murs sur lesquels Jésus avait fixé ses yeux divins, en foulant la terre que St Joseph avait arrosée de sueurs, où Marie avait porté Jésus entre ses bras, après l’avoir porté dans son sein virginal…J’ai vu la petite chambre où l’ange descendit auprès de la Ste Vierge… J’ai déposé mon chapelet dans la petite écuelle de l’Enfant Jésus… Que ces souvenirs sont ravissants!… » MA 59v
Dans le cadre de la vie de la sainte famille, Thérèse nous présente son approche de St Joseph, en insistant sur certains points essentiels : son humilité, sa pauvreté, son dévouement et son ardeur au travail (PN 24,5 ; PN 14, 1 ; LT 211 ; CJ 20. 8.14…) et un élément plus original : sa relation privilégiée avec l’Enfant Jésus.
Pour cela Thérèse évoque Joseph dans la fuite en Egypte, la vie de Nazareth, le recouvrement au Temple… Thérèse respecte le caractère humble et effacé de Saint Joseph, s’attachant tout particulièrement à mettre en avant sa fidélité exemplaire dans la double mission qui lui est confiée : veiller sur la croissance de Jésus et prendre soin de son épouse.
« Joseph, votre admirable vie S’est passée dans la pauvreté,
Mais, de Jésus et de Marie Vous contempliez la beauté ». PN 14,11.
Goûtons deux aspects de St Joseph dans quelques écrits de Ste Thérèse :
- Le dévouement de St Joseph dans les Récréations Pieuses (RP), écrites pour être jouées par les jeunes sœurs à l’occasion de fête de la Prieure :
La Fuite en Egypte (écrit en 1896) : RP 6, Acte 1, scène 2 :
Saint Joseph entre, chargé de ses instruments de travail.
LA SAINTE VIERGE, avec un ton de doux reproche :«Joseph, vous avez tardé bien longtemps, pourquoi prolongez-vous ainsi vos journées de travail? »
SAINT JOSEPH : « O Marie! laissez-moi dépenser mes forces au service de Jésus. C’est pour Lui et pour vous que je travaille; cette pensée me donne du courage, elle m’aide à supporter la fatigue et puis le soir à mon retour, une caresse de Jésus, un seul de vos regards me font oublier les labeurs de la journée. »
Il passe la main sur son front pour essuyer la sueur, puis s’asseyant près de Marie, il regarde l’Enfant Jésus. La Sainte Vierge le pose sur les genoux de Saint Joseph; alors sa figure prend une expression de joie Céleste, il presse le Divin Enfant contre son coeur, le baise avec amour et lui dit :
« O Petit Enfant! qu’il est doux ton sourire!… Est-il bien vrai que moi, le pauvre charpentier Joseph, j’aie le bonheur de porter entre mes bras le Roi du Ciel, le Sauveur des hommes ?… Est-il vrai que j’aie reçu la mission sublime d’être le père nourricier de Celui qui rassasie par sa présence les brûlants séraphins et qui donne la nourriture à toute créature ? Est-il vrai que je sois l’époux de la Mère de Dieu, le gardien de sa virginité ?…
O Marie! dites-moi, quel est ce profond mystère?… Le Désiré des collines éternelles, I’Emmanuel objet des soupirs de tous les patriarches est là sur mes genoux, Il me regarde, moi, son pauvre et indigne serviteur. »
- Joseph, un exemple dans la nuit de la foi :
dans une poésie PN 54, 8 : Pourquoi je t’aime ô Marie
9 (…) A Joseph, à Marie, Jésus reste soumis
Et mon coeur me révèle avec quelle tendresse
Il obéit toujours à ses parents chéris.
Maintenant je comprends le mystère du temple,
Les paroles cachées de mon Aimable Roi.
Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l’exemple
De l’âme qui Le cherche en la nuit de la foi.
et dans le Manuscrit A, MA 51r : Le recouvrement au Temple :
Dans le contexte du refus de son oncle, pendant 3 jours, qu’elle entre au Carmel avant 17 ans, Thérèse écrit : « Avant de faire luire sur mon âme un rayon d’espérance, le Bon Dieu voulut m’envoyer un martyre bien douloureux qui dura trois jours Oh! jamais je n’ai si bien compris que pendant cette épreuve, la douleur de la Ste Vierge et de St Joseph cherchant le divin Enfant Jésus… J’étais dans un triste désert ou plutôt mon âme était semblable au fragile esquif livré sans pilote à la merci des flots orageux… »
Résonnance dans notre vie…
Comment puis-je me laisser interpeller par les attitudes de St Joseph, prendre le temps de le contempler aux côtés de Jésus et Marie, de me confier à sa douce bienveillance et à sa protection ?
Prière. Poésie « A notre Père St Joseph » : PN 14, 4 f.
- Joseph, votre admirable vie s’est passée dans la pauvreté,
Mais, de Jésus et de Marie, vous contempliez la beauté.
Refrain :
Joseph, ô tendre Père, Protégez le Carmel
Que vos enfants sur cette terre (bis) Goûtent toujours la paix du Ciel ! (bis)
- Le Fils de Dieu, dans son enfance, Plus d’une fois avec bonheur,
Soumis à votre obéissance, S’est reposé sur votre coeur.
- Sainte Thérèse notre Mère, Vous invoquait avec amour
Elle assure que sa prière, Vous l’avez exaucée toujours.
- Après l’exil de cette vie, Nous en avons le doux espoir
Avec notre Mère chérie, Saint Joseph, nous irons vous voir.
Dernier Refrain : Bénissez, tendre Père Notre petit Carmel
Après l’exil de cette terre. (bis) Réunissez-nous dans le Ciel ! (bis)