En contemplant la Vierge Marie, Edith Stein a trouvé le chemin du don de soi à Celui qui est Amour. En l’empruntant, elle a épanoui et accompli son être de femme. A toutes les femmes, elle indique ce chemin d’accomplissement en contemplant, en imitant et en se confiant à la Vierge-Mère.
Elle précise que si cela est une voie privilégiée pour les femmes, les hommes peuvent également l’emprunter. Marie est à ses yeux celle qui seconde le Seigneur. La Vierge-Mère a vécu avec le Christ l’union la plus intime qui n’ait jamais existé. Symbole le plus parfait de l’Eglise unie à son Seigneur, Marie nous entraîne dans cette intimité. A nous, maintenant, d’avancer sur ce chemin de vie pour notre bonheur et pour l’accomplissement de notre être.
Edith n’oublie jamais ses origines juives, elle nous dit que toute femme « porte en elle quelque chose de l’héritage d’Eve et doit chercher le chemin qui conduit d’Eve à Marie. » Cette idée, Edith la développe dans une conférence intitulée La femme et sa destinée.
« Au centre de l’histoire de l’humanité, et tout particulièrement au centre de l’histoire de la femme, se trouve la femme en la personne de qui, la maternité a trouvé sa transfiguration, et en même temps, en tant que maternité corporelle, son dépassement. Si nous rencontrons, dans la personne du Christ, sous une forme concrète, vivante, le but de toute formation d’homme, nous trouvons en Marie, le but de toute formation de femme. Le fait que sur le seuil, entre la Première et la Nouvelle alliance, l’Eve nouvelle, se tienne à côté du nouvel Adam est la preuve la plus sûre qui témoigne de la signification et de la valeur éternelle, de la séparation des sexes. Pour s’incarner, Dieu a choisi de naître au sein d’une mère humaine, qu’il nous a présentée comme l’image accomplie de la mère, tout entière au service de sa mission ; dès le moment où elle sait qu’elle doit enfanter un fils, elle le reçoit de Dieu, et pour Dieu elle veillera sur lui. Sa vie n’est qu’une attente recueillie jusqu’à l’heure de la naissance, puis un service dévoué, une écoute attentive de toutes les paroles et une observation de tous les signes qui peuvent présager son chemin futur. »
Pour Edith, il est clair que Marie est un modèle et un guide pour leur vie chrétienne :
« Les femmes qui veulent accomplir leur vocation de femme (…) seront plus sûres d’atteindre au but, si non seulement elles gardent vivant devant leurs yeux l’exemple de la Virgo- Mater en tentant de s’y conformer par un effort personnel, mais si, en outre, elles se confient à sa direction en se plaçant entièrement sous sa conduite. Car Marie peut elle-même former à son image, ceux qui lui appartiennent. » [1]
En entrant au Carmel, Edith va se laisser enseigner par la Vierge Mère :
« Dans le secret de la silencieuse demeure de Nazareth, la puissance de l’Esprit Saint, couvrit de son ombre la jeune Vierge qui priait dans la solitude et opéra l’Incarnation du Rédempteur. Rassemblée autour de la Vierge priant silencieusement, l’Eglise naissante attendait ardemment la nouvelle effusion de l’Esprit qui lui avait été promise pour la vivifier, pour lui donner la clarté intérieure, et la féconder extérieurement. […] La Vierge qui gardait en son cœur toutes paroles que Dieu lui adressait, est le modèle de ces âmes qui écoutent attentives. En elles, la prière de Jésus Grand-Prêtre continue toujours de vivre. Et les femmes qui, à son image, se plongent, oublieuses d’elles-mêmes, dans la vie et les souffrances du Christ, sont choisies de préférence par le Seigneur, pour devenir ses instruments, et accomplir de grandes œuvres dans l’ Eglise ». [2]
Elle vit sa vocation de carmélite au pied de la Croix avec Marie, pour en recevoir la Vie. Elle se laisse entraîner par Marie, dans le mystère du Christ. Cette vocation Edith l’avait remarquablement définie dans sa conférence sur L’intégration de la femme dans le corps mystique du Christ :
« D’une façon plus profonde encore, et plus parfaite aussi, l’Eglise est personnellement incarnée dans la femme qui a consacré sa vie au Seigneur comme Sponsa Christi, et qui a contracté avec Lui, des liens indissolubles. Elle se tient elle-même à ses côtés exactement comme l’ Eglise et comme la Mère de Dieu, image première de l’Eglise et cellule porteuse de germes, elle collabore à son oeuvre de rédemption. Le don de tout son être et de toute sa vie, implique la volonté de vivre et d’agir avec le Christ, ce qui signifie également celle de souffrir et de mourir avec Lui, de cette mort terrible d’où est issue la grâce. Ainsi la vie de la fiancée de Dieu, se transforme en maternité surnaturelle, dont bénéficie toute l’humanité rachetée. Peu importe qu’elle ait travaillé elle-même d’une façon immédiate pour le salut des âmes, ou que son seul sacrifice personnel produise des fruits de grâce dont, ni elle-même, ni personne n’a peut-être conscience. » [3]
Au Carmel, en 1940 elle écrit une petite allocution pour la profession d’une novice, elle commence par citer Isaïe 61.10 : « Le Seigneur nous a revêtus du vêtement du Salut, Il nous a enveloppés du manteau de la Justice ». Puis elle présente Marie comme Médiatrice de toutes grâces :
« La Mère du Seigneur est vraiment la médiatrice de toute grâce : ainsi, toute personne que l’Amour miséricordieux vient chercher dans le lieu où elle s’est égarée pour la ramener en sa maison, reçoit de sa main le vêtement du salut, la grâce sanctifiante, et elle est ainsi consacrée enfant de Dieu. »[4]
Elle cherche ensuite, à travers une méditation de l’Evangile à montrer comment Marie peut effectivement être un exemple pour elle. Marie est ainsi présentée non seulement comme un modèle, mais comme celle à qui l’on peut se confier pour qu’elle nous forme à son image.
« Nous ne pouvons mieux servir la Reine du Carmel, ni lui montrer davantage notre reconnaissance qu’en la prenant pour modèle et en la suivant sur le chemin de perfection. De la bienheureuse Vierge-Marie, seules quelques brèves paroles nous sont rapportées dans l’évangile. Cependant ces quelques paroles sont aussi denses que des pépites d’or pur. En fondant dans le creuset ardent de la contemplation aimante, elles couleront en abondance, et revêtiront toute notre vie, du lumineux éclat de l’or. » Source Cachée, DM Golay p. 252.
[1] Edith STEIN la femme et sa destinée, pp. 129-130, Ed Amiot-Dumont
[2] Edith STEIN, La prière de l’Eglise, dans Source cachée, DM Golay pp. 65-66
[3] Edith STEIN la femme et sa destinée, pp. 127-128, Ed Amiot-Dumont
[4] Edith Stein, Pour la première profession de sœur Myriam de Sainte-Thérèse, dans Source cachée, DM Golay pp. 250-251
Résonance pour notre vie …
Ces mots sont une invitation à garder la Parole avec Marie, dans une contemplation aimante, pour que par la force de l’Esprit Saint ces paroles deviennent véritablement « source » dans notre vie.
Prière
Est-ce Toi qui créas le miroir clair
Tout proche du trône du Très-Haut,
Pareil à une mer de cristal,
Où la divinité se contemple avec amour ?
Tu Te penches sur la plus belle œuvre de ta création,
Reflet lumineux de Ton propre rayonnement
Et de tous les êtres, pure beauté
Unie à la figure aimable De la Vierge,
Ton épouse immaculée
ESPRIT SAINT, CRÉATEUR DE L’UNIVERS.
Es-tu le doux cantique d’amour et de crainte sacrée
Qui retentit près du trône de La Trinité,
Qui marie en lui le son pur de tous les êtres ?
Harmonie qui assemble les membres à la Tête,
Et se répand plein d’allégresse,
Libre de toute entrave dans Ton jaillissement
ESPRIT SAINT, ALLÉGRESSE ÉTERNELLE