Chemin de perfection
Editorial
Sainte Thérèse ne cesse d’accompagner “ ses filles ” du petit Carmel Saint Joseph d’Avila et, à travers elles, toutes les personnes qui cherchent Dieu. Elle se sert du Pater pour les conduire sur le chemin de la contemplation à travers les tentations subtiles du démon. Dans ce but, elle médite les dernières paroles du Pater : “ Pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés et ne nous laissez pas succomber à la tentation mais délivrez-nous du mal. ” ( Ch. 36 à 39 traduction Marcelle.Auclair )
Notre Bon Maître voit donc que cette nourriture céleste (le Notre Père) nous rend tout facile, pourvu qu’il n’y ait point de notre faute et que nous pouvons très bien accomplir ces paroles adressées à son Père : Que votre volonté s’accomplisse en nous ! Aussi Il lui dit maintenant de nous pardonner nos offenses, parce que nous pardonnons nous-mêmes. Il continue la prière qu’Il nous enseigne et ajoute ces paroles : Seigneur, pardonnez-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Considérons, mes sœurs, qu’Il ne dit pas : comme nous pardonnerons. Nous devons comprendre, en effet, que celui qui demande un bienfait aussi grand que le précédent et qui a déjà remis complètement sa volonté entre les mains de Dieu, doit avoir pardonné. Voila pourquoi le Sauveur dit : comme nous pardonnons. Ainsi donc quiconque a dit du fond du cœur cette parole à Dieu : Que votre volonté soit faîte, doit avoir déjà tout pardonné, ou du moins en avoir pris le ferme propos. (36/2) … Une faveur aussi grande et aussi importante que le pardon accordé par Notre Seigneur pour des fautes qui auraient mérité le feu éternel, nous est accordée à la condition de prendre un moyen aussi humble que celui de pardonner nous-mêmes. (36/2) …
Mais qui pourra dire combien cet amour mutuel que nous commande le Seigneur doit Lui être agréable ? Le Bon Jésus aurait pu Lui représenter d’autres œuvres et Lui dire : Pardonnez-nous parce que nous faisons beaucoup de pénitences, beaucoup de prières, beaucoup de jeûnes, ou parce que nous avons tout abandonné pour Vous et que nous Vous aimons beaucoup. Il n’a pas dit non plus : pardonnez-nous parce que nous sommes prêts à faire le sacrifice de la vie pour Vous, ou autres choses de ce genre ; mais parce que nous pardonnons. (36/7) …Considérez, mes sœurs, cette expression de notre Seigneur : comme nous pardonnons ; Il s’agit donc, je le répète, d’une chose déjà faîte. (36/8) …
Je ne puis croire qu’une âme qui est unie si intimement à la Miséricorde Infinie, où elle reconnaît son néant et voit combien Dieu lui a pardonné ne pardonne pas immédiatement avec la plus grande facilité et n’éprouve pas les sentiments les plus charitables pour celui qui l’a injuriée. (36/12) …
Quelle haute perfection dans cette prière évangélique ! Comme elle est vraiment digne d’un si Bon Maître ! Et que d’actions de grâces nous en devons rendre au Seigneur ! Ainsi, mes filles, chacune de nous peut-elle s’en servir pour son avantage personnel. Je suis ravie de voir que dans si peu de paroles se trouvent renfermées toute la contemplation et la perfection. (37/1) … Considérez bien que ces deux choses : le don de votre volonté et le pardon des injures, sont obligatoires pour tous. (37/3) … Dès le jour où Il verra que nous récitons cette prière avec perfection et sans retour sur nous-mêmes, que, de plus, nous sommes fermement résolues à mettre en pratique ce que nous disons, Il nous enrichira de ses dons. Il aime souverainement que nous allions à Lui avec franchise, simplicité, avec clarté, comme aussi que nous ne disions pas une chose quand nous en pensons une autre. Lorsque nous agissons de la sorte, Il donne bien au-delà de ce que nous demandons.(37/4) …
Ce maître, en effet, voit que ces âmes ont besoin d’être tenues en éveil, et qu’on doit leur rappeler qu’elles ont des ennemis … Aussi pour qu’elles ne soient pas victimes de l’illusion, Il adresse en leur nom à Son Père ces demandes si nécessaires pour nous tous qui vivons dans cet exil : et ne nous laissez pas succomber, Seigneur, à la tentation ; mais délivrez-nous du mal. (37/5) …
Croyez-moi, mes sœurs … ceux qui sont élevés à la contemplation et s’occupent d’oraison … redoutent, et ils ont raison de les redouter, et de demander au Seigneur d’en être délivrés, ce sont les traîtres, les démons qui se transforment en anges de lumière, ou les ennemis qui se déguisent jusqu’à ce qu’ils aient causé les plus grands ravages dans l’âme … Voilà les ennemis, mes filles, dont nous avons souvent à prier et supplier le Seigneur de nous délivrer en récitant le Notre Père ; demandons-Lui qu’Il ne permette pas que nous succombions à la tentation, ni que nous soyons victimes de l’illusion ; conjurons-Le de nous découvrir le poison ; en un mot que nos ennemis ne nous empêchent pas de voir la lumière et la vérité. Oh ! comme notre Bon Maître a eu raison de nous enseigner à faire cette demande et de l’adresser pour nous à Son Père. (38/2) …
Appliquez-vous, mes sœurs, à être toujours humbles. Considérez que vous n’êtes pas dignes de si hautes grâces et ne les recherchez point. C’est par là, j’en suis persuadée, que le démon voit lui échapper un grand nombre d’âmes qu’il se flattait de perdre. (38/4) … A coup sûr, si nous servons Dieu en toute humilité, Il nous prêtera son secours dans nos besoins (38/7) … alors même que vous croiriez posséder une vertu, craignez de vous faire illusion, car celui qui est véritablement humble doute toujours de ses propres vertus ; (38/9) … L’humilité, si grande qu’elle soit, n’inquiète pas, ne trouble pas, n’agite pas l’âme, elle est accompagnée plutôt de paix, de joie et de repos…à la vue de sa misère …elle n’ose pas pour ainsi dire demander miséricorde. Mais quand l’humilité est véritable, cette peine répand en l’âme une telle suavité et un tel contentement que l’âme ne voudrait pas en être privée ; elle ne trouble point l’âme et ne la resserre point ; elle la dilate, au contraire, et la rend plus apte au service de Dieu. (39/3) …
“Nous avons toujours besoin de votre secours.”…(39/6)
Prière
Mon Père, je m’abandonne à Toi,
fais de moi ce qu’il te plaira.
Quoi que tu fasses de moi, je te remercie.
Je suis prêt à tout, j’accepte tout.
Pourvu que ta volonté se fasse en moi,
en toutes tes créatures,
je ne désire rien d’autre, mon Dieu.
Je remets mon âme entre tes mains.
Je Te la donne, mon Dieu,
avec tout l’amour de mon cœur, parce que je t’aime
et que ce m’est un besoin d’amour de me donner,
de me remettre entre tes mains, sans mesure,
avec une infinie confiance, car tu es mon Père.
Frère Charles de Jésus